Offrons-nous une promenade dans le temps avec pour décor Guémené-Penfao, commune d'environ 5 200 habitants, située dans le nord de la Loire-Atlantique, où vécut le peintre Albert Gsell.
À Guéméné-Penfao, le patrimoine s'inscrit dans la pierre et dans la nature vallonnée le long des rives du Don.
Des légendes y circulent aussi, et même des histoires vraies comme celle d'une oeuvre d'art retrouvée dans un grenier par Jacky, le neveu d'Albert Gsell, un artiste renommé puis oublié.
"Avec beaucoup de précautions j'ai tiré puisque les trois toiles étaient enroulées sur un beau fût de bois, explique Jacques Michel, neveu d'Albert Gsell, galeriste et antiquaire, je supputais, je me disais, il y a quelque chose de bien là-dessous".
La sensation que l'on peut avoir quand on découvre ça c'est extraordinaire, c'est du bonheur
Jacques MichelNeveu d'Albert Gsell et galériste
"Même pas terminé, on sent qu'il y aune belle élégance, un beau travail, raconte Jacques Michel en nous montrant ces deux toiles, ça, ça peut être bien nettoyé, verni, encadré, ça a sa place dans un salon".
Albert Gsell était maître verrier, comme son père. Mais aussi peintre. À Paris, fin 19e-début 20e, artiste accompli, il est au sommet de son art et fréquente Rodin, Puvis de Chavannes et Debussy.
En 1920, il épouse Marie Olivon, née à Guéméné-Penfao, de 25 ans plus jeune que lui. Ils auront cinq enfants, mais en 1936, son épouse tombe gravement malade.
''Il a fallu qu'elle revienne au pays parce que ma grand-mère, ma mère ont pu s'en occuper, lui réapprendre à se réadapter dans le monde, explique Jacques Michel, et puis mon oncle, sur Paris, est descendu parce qu'il avait son dernier enfant qui avait 9 ans, qui est parti faire ses études à Redon".
Tout a changé pour lui puisqu'il n'avait plus de commandes d'Etat, plus ses gros clients, plus d'argent non plus'
Jacques MichelNeveu d'Albert Gsell
La fameuse oeuvre d'art trouvée dans le grenier : la voilà ! Dans les mains de Mme le Maire et de Jacky, conseiller municipal, elle fait son entrée dans la salle du conseil.
27 m² de toile peinte par Albert Gsell en 1912, répartis en trois toiles immenses.
''Il a voulu représenter, je pense, tous les âges des la vie, explique Jacques Michel, la naissance, l'adolescence, jusqu'à la vieillesse. Je pense qu'il a bien réalisé cette toile qui est toute en mouvance et puis en même temps toute en délicatesse''
De 1936 à 1951, année de sa mort, Albert Gsell vit à Guéméné-Penfao, modestement, loin de Paris et des commandes d'Etat. Quand, un jour, le curé de Derval, à 15 km, lui propose de créer des vitraux pour son église. À 72 ans, l'artiste accepte.
Il était capable de faire des tableaux brumeux et là il s'est carrément éclaté avec du verre
Jacques MichelNeveu d'Albert Gsell
Toutefois, l'histoire d'Albert Gsell, de Jacky et Guéméné-Penfao ne s'arrête pas là.
"Ce grand tryptique je ne pouvais rien en faire, c'était complètement idiot de se dire 'Ah je le possède' et de ne pas vouloir en faire profiter, je veux que tout le monde en profite puisque je n'ai pas d'héritiers".
Qu'est-ce qui peut faire perdurer toute une oeuvre ? c'est des municipalités, des mécènes. Un pauvre petit gars comme moi n'a pas beaucoup de pouvoir à part posséder et transmettre
Jacques MichelNeveu d'Albert Gsell
Ainsi, Jacques Michel a décidé de faire don des toiles peintes par son oncle à la ville de Guéméné-Penfao qui les exposera en salle du conseil et poursuivra le travail autour de son oeuvre.
À l'entrée de la commune, la passerelle qui enjambe le Don portera bientôt le nom d'Albert Gsell.