A Treillières, une commune au nord de Nantes, un accord doit être signé ce mardi avec les propriétaires d'un champ pour protéger les enfants d'une école toute proche. Des pesticides sont utilisés pour les cultures. Malgré les protections promises, des parents sont inquiets.
"On espérait une conversion au bio" regrette cette maman.
Membre du collectif "Les petites Alouettes", des parents d'élèves qui s'inquiètent de cette situation, Juliette Ruffino bataille pour que les choses soient faites et bien faites.
Comme d'autres parents d'élèves de l'école Pauline Kergomard de Treillières, au nord de Nantes, Juliette vit mal la proximité d'un champ de blé traité aux pesticides, juste à côté de la cour de récréation. Elle est maman d'un garçon de 6 ans qui y est inscrit et d'un deuxième de 3 ans qui y entrera l'an prochain.
"La loi est clairement insuffisante"
Un accord a été mis au point par le maire avec les propriétaires du champ qui prévoit qu'une bande de 20 mètres sépare les cultures de l'école, bande qui ne recevra pas de traitements, ce qui va au delà des 5 mètres prévus par la loi. D'autre part, un système de haies va être planté en paravent entre l'école et ce champ (en attendant, une simple bâche a été mise le long de la clôture). Enfin, chaque épandage se fera en dehors des heures d'ouverture de l'école et fera l'objet d'une information préalable auprès des parents d'élèves.
"On va au delà de la loi", reconnaît Juliette Ruffino. Mais la jeune femme apporte un bémol :"La loi est clairement insuffisante pour assurer la protection de nos enfants. La haie, il faut qu'elle fasse 5 mètres d'épaisseur minimum et l'enjeu principal pour nous, c'est le choix des essences (qui composeront la haie). On a fait une recommandation à la mairie, on espère que cette recommandation va être suivie."
Se basant sur des recherches faites par un spécialiste, le collectif préconise en effet certaines variétés de végétaux pour composer cette haie afin qu'elle remplisse efficacement sa mission de protection contre les pesticides. Fossés et talus devront y être associés également.
Mais la haie n'est pas encore plantée et il faudra des années pour qu'elle prenne toute son efficacité.
"On est inquiets, reconnaît Juliette qui espérait que le propriétaire du champ se convertirait au bio, ce qui aurait réglé le problème. L'agriculteur s'est engagé à prévenir des pulvérisations, ce qui nous paraît important pour laisser aux familles le soin de s'organiser si elles veulent prendre les dispositions qui s'imposent. Les dernières pulvérisations ont eu lieu à 5h du matin et les enfants sont à l'école à partir de 7h30, pour nous c'est compliqué. Je considère que mes enfants ne sont pas en sécurité."
Loin de vouloir stigmatiser l'agriculture, le collectif dit vouloir le dialogue avec la mairie. "Ces choses-là auraient dû être faites il y a 5 ans, lorsque l'école a vu le jour" fait remarquer Juliette qui dénonce le fait que, pendant plusieurs années, les traitements des cultures aient été faits jusqu'à 5 mètres de la cour de récréation et sans aucune bâche de protection.
"Ce sera une perte d'exploitation pour les agriculteurs"
Alain Royer est le maire (DVD) de Treillières depuis 2012. Il a eu à gérer ce dossier avec son premier adjoint, Claude Rincé. Un premier accord avait été signé avec le précédent propriétaire de la parcelle. Celui-ci étant parti à la retraite, un nouvel accord doit être signé ce mardi avec les deux associés repreneurs.
"Le nouvel accord stipule qu'il y a un retrait de 20 mètres où il n'y aura pas du tout de cultures, précise Alain Royer, ce ne sera que du pâturage. Il n'y aura aucun traitement sur ces 20 mètres. Ce sera une perte d'exploitation pour les agriculteurs, on leur versera tous les ans un manque à gagner, de l'ordre de 1600 euros."
Haies et bâche de protection font effectivement partie aussi des solutions prévues.
"Ils ne traiteront jamais aux heures d'école" précise aussi Alain Royer.
La convention a été votée à l'unanimité par les conseillers municipaux de Treillières.
"J'ai totalement confiance en la commune"
" J'étais un peu inquiète, dit Bérangère, une autre maman, mais j'ai totalement confiance en la commune." Hanifa, un papa, est plus circonspect : "Il y a beaucoup d'interrogations et un peu d'inconnu, dit-il. On est au courant de quand ça va être fait (les traitements) mais on ne sait pas vraiment quels produits." Ses enfants lui ont rapporté avoir été incommodés un jour par de fortes odeurs.
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Michel est papa d'une fille de 3 ans et demi. Il dit faire confiance et pense que tout sera fait pour qu'aucun produit nocif pour les enfants ne soit utilisé. "Je pense qu'on n'aurait pas construit une école maternelle ici s'il y avait un risque pour les enfants."
Sauf que lorsque le projet d'école a vu le jour, reconnaît le maire, il s'agissait de regrouper les établissements scolaires de la commune (le collège est en face) et on parlait à l'époque de circuits courts, de proximité avec l'agriculture.
Gérer cette proximité justement n'est pas simple. La Chambre d'Agriculture de Loire-Atlantique se déclare très attentive au protocole appliqué à Treillières, qui pourrait faire jurisprudence.