Une prise d'otages à l'Hôtel de Ville d'Angers pendant que la Seine-Saint-Denis demande son indépendance. L'ancien gamin du quartier Verneau a encore frappé. Son thriller haletant paraît chez Rivages. Il y a de toute évidence un style Jilali Hamham.
Il y a 10 ans, ce jeune des quartiers populaires d'Angers avait signé un pamphlet pour dénoncer le malaise des banlieues. "La Souffrance" qui pouvait aussi se lire "La Sous-France" était un coup de gueule nous donnant quelques clés pour comprendre cette colère qui couve dans les périphéries des grandes villes. Et déjà une patte, un style.
Et puis il y a eu "MachiAdam" en 2012. Premier polar qui a séduit la prestigieuse maison d'édition Rivages. La rencontre de Jilali Hamham avec François Guérif, fondateur de la collection Rivages/Noir vaut le détour. Du culot, beaucoup de culot et beaucoup de préparation aussi. Le gars sait qu'on ne va pas à l'assaut sans un minimum de billes. Jilali Hamham a été nourri au même sein que Machiavel, prétextant s'intéresser aux motivations de l'éditeur pour qu'au final l'éditeur s'intéresse à lui (voir l'article de Laura Reeck dans The Postcolonialist).
Un roman qui tente de capter le pouls et les fureurs de son époque
Février 2017 : sortie toujours chez Rivages, de 93 Panthers, un thriller où les extrêmes se rejoignent pour plonger la France dans la guerre civile. "C’est un roman qui tente de capter le pouls et les fureurs de son époque, nous explique Jilali Hamham. Il y a une détresse dans l’urbain et dans le péri-urbain, et ces détresses sont potentiellement récupérables et manipulables. C’est ce que j’ai essayé de retranscrire dans mon livre".
Avoir une carte de bibliothèque avant sa carte d'électeur
Pourquoi situer une partie de l'histoire à Angers ? Parce que Jilali a grandi dans cette ville, notamment dans le quartier Verneau au milieu des communautés. Il lui en reste de bons souvenirs de rencontres, d'échanges et de partages. La bibliothèque de ce quartier était sa maison secondaire. "Chacun devrait avoir sa carte de bibliothèque avant d'avoir sa carte d'électeur" nous avait-il dit lors d'une rencontre précédente. Situer quelques séquences dans la cité du Roi René est aussi une façon pour lui d'aider au rayonnement de sa ville d'origine.
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Au delà du sens de la phrase qui tombe comme un couperet, notre auteur adore la langue de Molière. Jilali Hamham travaille son style comme d'autres la dentelle ou la chirurgie. C'est très ouvragé, parfois délicat mais ça peut saigner aussi.