Agressions sexuelles dans le sport : une angevine, ancienne patineuse artistique témoigne.

TEMOIGNAGE. La publication du livre de Sarah Abitbol et la médiatisation de son histoire font réagir. Martine Olivier-Moulinot vit à Angers, l'ancienne championne de danse sur glace a dû elle aussi se protéger de certaines attitudes malsaines.

Rompre le silence n'est pas chose facile, surtout lorsqu'il est érigé en institution. Mais quand la parole enfin se libère, les témoignages affluent, comme une prison qui soudain ouvrirait ses portes après une évasion.

Le livre témoignage de Sarah Abitbol a cet effet-là.

Martine Olivier-Moulinot a patiné elle aussi au plus haut niveau français. C'était dans les années 70.  En 1979, elle fut championne de France avec son partenaire Yves Tarayre. Plus tard, vers la fin des années 80, elle a occupé des responsabilités dans les sports de glace à Angers.
 


Lorsqu'elle a lu le livre de Sarah Abitbol "Un si long silence", les souvenirs sont remontés à la surface.  Martine s'est souvenue qu'à l'âge de 16 ans, alors que la jeune championne était en stage en Allemagne, son entraîneur a eu une attitude plus que dérangeante. L'homme a fait venir la jeune fille dans sa chambre d'hôtel. La suite, c'est elle qui la raconte :

" Je sentais quelque-chose de bizarre raconte Martine Olivier-Moulinot, je rentre dans sa chambre et il ferme la porte à clef derrière moi. A ce moment-là, il commence à s'approcher de moi et à me toucher les cheveux. Je l'ai repoussé. Je lui ai dit : arrêtez ça tout de suite et ouvrez la porte parce que sinon je vais prévenir tout le monde."

Martine a eu la force de se défendre, de repousser cet homme, puis de changer d'entraîneur. Mais ce n'est pas toujours le cas. Les jeunes champions ou en voie de le devenir sont souvent éloignés de leur famille lors de ces périodes de stage ou de compétition. Et l'entraîneur est très respecté. Autant par les sportifs qu'il accompagne que par les familles qui attendent de ce dernier qu'il emmène le jeune vers les sommets.

"Si jamais vous parlez, témoigne l'ex championne, le prof c'est le manager, le grand manitou. On croit en son entraîneur. Votre carrière peut se terminer du jour au lendemain."

Dans un communiqué, le président du club "Angers Danse & Sports de Glace" a donné son point de vue, demandant entre les lignes la démission de Didier Gailhaguet, le patron du patinage français qui se défend d'avoir eu connaissance des faits de violence sexuelles sur plusieurs sportives.

"Le conseil d’administration de la Team ADSG - Angers Danse et Sports de Glace se joint à moi pour dénoncer ces pratiques que nous déplorons, dit le communiqué et qui, depuis une semaine, sont révélées au grand jour par des personnes courageuses, qui le font pour leur sport et pour les générations suivantes."
 

Damien Boyer-Gibaud s'inquiète aussi dans ce communiqué des conséquences de telles attitudes condamnables :

"Il serait regrettable que les graves erreurs de quelques-uns fassent le malheur de nos disciplines et plus particulièrement du patinage."

Depuis la parution de ce communiqué, le dirigeant angevin a reçu le soutien de plusieurs autres clubs de sport de glace.

voir notre reportage :

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