A 47 ans, Stéphane Moulin va découvrir la Ligue 1 pour sa 26e saison au SCO Angers, comme joueur puis entraîneur, une "belle aventure" qui s'annonce cependant bien compliquée.
Il faut remonter à 1993/1994 pour trouver trace du SCO Angers en Ligue 1. Une saison cauchemardesque, terminée à la 20e place avec seulement quatre victoires en 38 journées. Mais ce passage éclair dans l'élite, Stéphane Moulin s'en moque, puisqu'il n'était même pas au club. Après avoir fait toutes ses classes au SCO, où il a joué en D2 de 1984 à 1990, il avait ensuite porté le maillot de Châteauroux (90-92 en D2) puis de Châtellerault (92-97 en National).
Moi, je ne vis pas avec le passé. Le passé de l'année dernière ne m'intéresse presque plus, alors vous imaginez le passé d'il y a 21 ans...",
confie-t-il. "Au contraire, je crois qu'on aura du mal à faire pire", a-t-il même ajouté. Revenu dans son club de coeur en 2005 comme entraîneur de la réserve, il est choisipar le président Saïd Chabane et le directeur sportif Olivier Pickeu pour prendre en charge l'équipe fanion il y a quatre ans et la faire remonter dans l'élite qu'il s'apprête à découvrir enfin. "C'est une belle aventure, ça c'est certain. Et je considère que c'est une chance de pouvoir la vivre dans le club dans lequel j'ai pratiquement tout vécu", a-t-il admis.
"Est-ce que c'est un atout? Je n'en sais rien, mais c'est très rare ce qui m'arrive et je compte bien en profiter. Mais pas simplement en prenant du plaisir. Le plaisir, il ne sera là que si les résultats vont avec", ajoute immédiatement ce compétiteur.
"On a zéro marge"
Avec l'un des plus petits budgets de L1, un effectif largement remanié à la trêve et qui va lui aussi découvrir l'élite, pour une grande majorité des joueurs, Stéphane Moulin se dit serein au pied de ce qui s'apparente à un Everest personnel. "Nous, on ne s'inquiète pas, on sait que ça va être dur. On sait que tout le monde nous voit dans la charrette et redescendre. On sait que, peut-être, on perdra quatre, cinq, six matches d'affilée. On est préparé à ça", a-t-il assuré. Une préparation minutieuse dans les moindres détails: "Il faut que tout soit parfaitement réglé et qu'on fasse aucune erreur dans tout, sur le plan technique, dans la communication, dans la gestion humaine, dans la préparation athlétique...".
Mais l'arme secrète d'Angers cette saison sera peut-être la très grand solidarité qui anime le club depuis plusieurs années et notamment celle qui règne entre le président Chabane, le directeur sportif Pickeu et lui-même.
"Évidemment il y a aussi, je crois, un peu de compétence - on ne peut pas y arriver sans ça - mais c'est l'état d'esprit qui règne dans le club à tous les étages" qui fait sa force, estime-t-il. "Il faut que les gens qui décident s'entendent bien, il faut qu'ils soient solidaires. Il faut vraiment qu'il y ait une osmose pour avoir des résultats, parce que nous, on a zéro marge", conclut-il.
Être "champion de France de l'état d'esprit"
Conscient des limites de son club, avec l'un des budgets les plus faibles de Ligue 1 et un effectif très inexpérimenté, l'entraîneur d'Angers, Stéphane Moulin attend au moins de ses joueurs qu'ils soient "champions de France de l'état d'esprit".A deux semaines de la reprise, avez-vous hâte que la compétition commence ?
Stéphane Moulin : "Hâte non pas encore, car je considère que l'on n'est pas tout à fait prêt. J'aurais hâte quand on aura le sentiment d'être bien. On a encore besoin de travailler, notamment les automatismes. On a beaucoup de changements, beaucoup d'arrivés, donc inévitablement on n'a pas les automatismes que l'on avait l'an passé".
Avec neuf arrivées et de nombreux départs, le mercato a été agité pour Angers. Êtes-vous satisfaits du recrutement ?
Stéphane Moulin : "Ça s'est très bien passé, compte tenu des moyens dont on dispose. On a ciblé des joueurs qu'on pouvait prendre avec les moyens que l'on a, c'est-à-dire pas grand chose. On nous a dit: Ouais, il faut prendre des joueurs de L1+, mais on ne peut pas. Ou alors on va jouer à onze pour toute la saison. On a fait avec ce que l'on avait et on est très content du résultat. Le seul petit point noir, c'est de ne pas avoir réussi à conserver Jonathan Kodjia (parti pour Bristol, en 2e div. anglaise, NDLR)".
Vous avez aussi misé sur l'état d'esprit, en faisant des paris sur des joueurs (Sissokho, Mangani, Sunu, Ketkeophomphone) qui peuvent être assez revanchards ou qui auront à coeur de prouver qu'ils ont leur place en L1.
Stéphane Moulin : "C'était la force du groupe et il faut que ça le reste. Donc pour ça, il faut effectivement que les joueurs qui arrivent soient dans le même état d'esprit que les joueurs qui étaient là. Sur ce plan-là, pour le moment, c'est satisfaisant. Le seul domaine où on peut être champion de France, c'est l'état d'esprit, parce que ça ne coûte pas d'argent. Mais il va falloir monter d'un cran dans le domaine technique, dans le domaine physique. Tactiquement, il faudra être encore plus précis. Tout ira plus vite en face, tout ira plus fort, sera plus efficace. Il va falloir que l'on montre un autre degré d'exigence".