Tourné à Longué-Jumelles, dans le Maine-et-Loire, "La Pampa", explore l’adolescence en milieu rural avec authenticité. Réalisé par Antoine Chevrollier, porté par des jeunes talents et l’humoriste Artus, le film a déjà conquis Cannes et le Festival Premiers Plans d’Angers. Entre réalisme brut et émotions profondes, il dresse un portrait saisissant d’une jeunesse en quête d’identité.
La Pampa c'est une histoire d'amitié entre deux jeunes hommes qui partagent la même passion pour le motocross. Face à un secret, leur relation va être remise en question.
Un film ancré dans le réel
La Pampa ne se contente pas de raconter une histoire : il capture un territoire, une époque et des sensations. Ce drame initiatique met en lumière la complexité de l’adolescence à travers des personnages confrontés à la violence du monde adulte, mais aussi à la découverte de l’amour et de l’amitié.
Le terrain de La Pampa était à cinq kilomètres derrière la maison où on vivait avec mes parents et mes frères. J’étais fasciné par ce monde.
Antoine ChevrollierRéalisateur de "La Pampa"
Inspiré par ses propres souvenirs, le cinéaste angevin livre une œuvre sincère et puissante, où chaque décor et chaque interaction résonnent avec vérité.
Longué-Jumelles, un décor à part entière
Choisir Longué-Jumelles pour ce tournage n’est pas anodin. Ce village apporte au film une authenticité rare et incarne à la fois l’attachement aux racines et la frustration de l’éloignement des grandes villes comme Angers.
Quand on vivait à Longué-Jumelles, aller à Angers, c'était une petite aventure. On était isolés, dépendants des horaires de bus. J’ai éprouvé cela comme beaucoup de jeunes du coin.
Antoine ChevrollierRéalisateur de "La Pampa"
Cette dualité entre l’attachement au territoire et l’aspiration à d’autres horizons traverse le film, notamment à travers les trajectoires de Jojo, Willy et Marina.
Longué-Jumelles c'est aussi des paysages, des bâtiments et des habitants qui participent à l’atmosphère singulière de La Pampa. "Je me sentais chez moi avec tout ce que ça signifie, c’est-à-dire le bon côté, mais aussi la pression de pouvoir figurer au mieux les gens qui habitent mon village."
Sayyid El Alami et Amaury Foucher, la force d’un casting authentique
L’un des grands atouts du film est son casting, composé de jeunes talents à la trajectoire atypique. Amaury Foucher, qui incarne Jojo, a décroché son rôle par un casting sauvage, sans expérience préalable.
"J’avais quitté mon école de théâtre quelques mois avant, et je me suis retrouvé sur le projet sans vraiment me rendre compte de ce que c’était."
Pour incarner Jojo, Amaury Foucher adopte une préparation quasi-méthodique, modifiant son comportement et son apparence pour se fondre dans son personnage.
Je me suis mis à écouter du rap, à porter des bottes lourdes pour ancrer ma démarche. Même hors tournage, je m’habillais comme Jojo.
Amaury FoucherActeur
Sayyid El Alami, quant à lui, revient sur l’importance de la première scène tournée, véritable test pour l’alchimie du groupe. "La première scène du film, celle du trailer, était aussi la première que nous avons tournée. C'était intense et symbolique, ça annonçait la suite du tournage."
Loin d’être des figurants, tous les membres de la bande ont été choisis pour leur justesse et leur énergie.
C'est pas un film de jeunes, c'est un film sur la jeunesse et l’adolescence. Un vrai coming-of-age.
Sayyid El AlamiActeur
Artus, une révélation inattendue
Connu pour son humour tranchant, Artus surprend dans un rôle dramatique à contre-emploi. Son interprétation tout en retenue apporte une intensité supplémentaire au récit. Un pari audacieux pour l’acteur, qui prouve ici toute l’étendue de son talent.
Un regard critique sur les codes masculins
Le film explore aussi la masculinité et ses normes, notamment à travers l’univers du motocross, qui fascine autant qu’il interroge.
Ce n’était pas tant la pratique sportive, mais plutôt les comportements virilistes que je trouvais aberrants et qui me fascinaient à l’époque.
Antoine ChevrollierRéalisateur de "La Pampa"
Dans cet univers masculin par excellence, surnagent quelques rôles féminins dont celui de Léonie Dahan-Lamort. La jeune actrice, déjà vue dans des séries TV comme "Un si grand soleil", incarne Marina. Cette citadine, étudiante aux Beaux-Arts, fascine Willy en plein désarroi familial et amical dans sa campagne.
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À travers ses personnages, le film questionne les dynamiques de groupe, la construction de l’identité et la place de la sensibilité dans un environnement souvent marqué par la rudesse.
Un voyage initiatique porté par la culture
Au-delà du motocross et de la violence sociale, le film ouvre aussi des perspectives à ses personnages, notamment à travers la culture et la difficulté d’accéder à certains métiers artistiques pour les jeunes issus de territoires ruraux.
Marina offre à Willy une autre possibilité, un autre monde. On raconte aussi à cet endroit-là un rapport de classe.
Antoine ChevrollierRéalisateur de "La Pampa"
La découverte de la tapisserie de l’Apocalypse à Angers devient alors une métaphore du choc culturel et de la possibilité d’évasion.
Un film récompensé avant même sa sortie
Avant d’arriver sur les écrans français, La Pampa s'est fait remarquer dans les festivals notamment à Cannes. Une expérience unique qui a marqué les jeunes interprètes. Pour Amaury Foucher : "Premier casting, premier film… et premier Cannes. C’était complètement surréaliste."
Mais c'est au Festival Premiers Plans d'Angers que "La Pampa" a fait sensation. Il a raflé trois prix, signe d’un accueil enthousiaste du milieu cinématographique. Une vraie reconnaissance pour le réalisateur angevin. "J'ai un lien très intime avec le festival. Premier plan, il s'avère que quand j'étais petit, plus jeune, adolescent, lycéen, je venais en fait dans les séances étudiantes. Et donc, j'ai pu découvrir Ceylan, les frères Dardenne, Fatih Akin."
Avec sa mise en scène subtile, ses acteurs convaincants et son regard singulier sur la jeunesse rurale, La Pampa s’impose comme un film marquant de ce début d’année. À la fois poignant et lumineux, il offre un miroir à toute une génération en quête de repères.
La Pampa sera projeté au Cube de Longué-Jumelles le vendredi 7 février à 20h30.
Rencontre avec Antoine Chevrollier, le réalisateur de "La Pampa", un reportage de Denis Leroy, Yowan Denis, Ludovic Lepape et Nicolas Guilbaud
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