Destination ouest : la cité Kalouguine à Angers

A Angers, les Kalouguine ont surpris au moment de leur construction à la fin des années 70. Ces immeubles HLM font aujourd'hui partie du patrimoine.

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Heureux comme Maurice Gillet, le retraité. Il est l'un des locataires historiques de la cité Kalouguine.

"J'avais vu la construction puisque je travaillais tout près mais je ne connaissais pas du tout les appartements", se remémore Maurice.

Avec le temps, il s'est bien installé dans cet habitat si singulier... 
"Là on est dans la chambre de ma fille, et là c'est un poteau, il était là quand je suis arrivé", explique Maurice en rigolant.

Kalouguine sonne comme un concept venu d'ailleurs, mais c'est le nom d'un Français incarnant l'architecture nouvelle, celle d'après mai 68.

"Il refusait l'octogonalité, il voulait des formes plutôt arrondies, en courbes et en contre-courbes", explique Céline Mary-Bruère, guide-conférencière patrimoine, "beaucoup parlent ici d'habitat un peu "Schtoumpf", "Barbapapa". En tout cas, lui, parlait d'habitat-rocher, d'habitations dans lesquelles on va se retrouver un peu caché"

Vladimir Kalouguine : haute stature, cheveux longs, barbe d'époque... Son projet d'inspiration écologique était pensé avec les habitants.

"Il y a eu une sorte d'approche de chaque logement mais, très vite, les gens ont réussi à caser leurs choses" - Vladimir Kalougine

"Il y a eu plein de solutions, des appartements Louis XV, des appartements modernes et il y a eu tous les intermédiaires possibles entre ces deux extrêmes", expliquait l'architecte en 1978.

Les batiments couleur sable aux allures de troglodytes allant de 5 à 9 niveaux se nichent dans un vallon paysager mais dès les premières livraisons, au milieu des années 70, de gros problèmes apparaissent dans les appartements.

"Les batisseurs de la cité ont fait failllite. Il n'y a plus personne pour refaire les maisons, ce qui peut amener par la suite à ce qu'on ferme carrément la cité", expliquait à l'époque une habitante.

Au fil des saisons et des années, les Kalouguine se délabrent et les locataires ne restent pas.

En 2010, un énorme chantier de rénovation s'attaque enfin à l'étanchéité du bâti en installant des gouttières disgracieuses mais utiles qui n'étaient pas prévu à l'origine.

"Les eaux de pluie devaient, sur les bourrelets, permettre la création de végétaux qui allaient donner un aspect vert au bâtiment et rompre le côté un peu trop monolithique du béton", explique Gonzague Noyelle, directeur général Immobilière Podeliha.

La mauvaise réputation des lieux, les moqueries autour des poteaux au milieu des pièces biscornues n'ont plus cours. Aujourd'hui, la totalité des appartements est louée.

Ce qu'avait imaginé il y a près de 50 ans Vladimir Kalouguine, ces formes, ce lien avec la nature est aujourd'hui furieusement tendance...lui qui n'a jamais pu reproduire ailleurs son modèle de cité.

► Le reportage de notre rédaction
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