Le restaurant franchisé de Segré, près d’Angers, a été condamné ce lundi à résilier le contrat de travail de Syntia et à lui verser 7 000 euros de dommages et intérêts. L’ancienne salariée de 22 ans dénonçait une "discrimination de genre" à son encontre.

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"Je suis contente et soulagée, je vais pouvoir retravailler". À peine sortie de la salle d’audience, c’est le sourire aux lèvres que Syntia se félicite pour cette décision qui vient mettre un terme à un an de combat. Ce lundi après-midi, les prud’hommes d’Angers ont condamné son ancien employeur à lui verser 7 000 euros de dommages et intérêts au titre de son préjudice moral, pour discrimination de genre et harcèlement. Âgée de 22 ans, l’ancienne salariée transgenre du McDonald’s de Segré-en-Anjou Bleu a surtout obtenu la résiliation de son contrat, qu’elle réclamait depuis le début de son arrêt de travail en mars 2023.

Satisfait de ce jugement, son avocat, maître Bertrand, espère que cette affaire fera jurisprudence : "Dès lors que l’on fait condamner une grande enseigne, la décision a une publicité, un impact et provoque nécessairement une discussion. C’est une première de faire condamner McDonald’s, qui se présente sous l’angle de la tolérance, pour justement tout le contraire." 

Un avis partagé par la principale intéressée : "C’est important qu’ils aient été condamnés et que le harcèlement et la transphobie aient été reconnus. Peut-être que des gens qui subissent cela pourront en parler, au lieu de démissionner ou de rester dans leur boîte et souffrir. Même si on parle beaucoup de la transidentité aujourd’hui, je ne suis pas sûre qu’on en parle tant que cela dans le monde du travail."

D'une "réaction maladroite” à la transphobie

Les faits remontent au 6 janvier 2023, alors que Syntia était en poste depuis septembre 2022 dans le restaurant de Segré-en-Anjou Bleu. Embauchée sous son prénom de naissance en tant qu’homme, elle est à l’époque en pleine transition de genre. Après un rendez-vous médical, elle arrive au travail légèrement maquillée, portant des collants et des faux seins, afin d’assumer son identité auprès d’une équipe qu’elle estimait bienveillante.

Moins de trois semaines plus tard, elle est convoquée par ses responsables, qui refusent d’utiliser son prénom féminin, lui interdisent de l’utiliser sur son badge et lui demandent de moins se maquiller. D’autres salariés, qui avaient adopté le prénom de Syntia, sont également repris à l’ordre. Refusant d’enlever son maquillage, elle n’est plus autorisée à reprendre son poste à partir du mois de mars 2023. Elle se met alors en arrêt maladie pour harcèlement et discrimination de genre, et décide de traduire son employeur devant les prud’hommes.

Absente, la défense de McDonald’s "prend acte" de cette décision

Lors de la première audience, le 24 avril 2024, la défense du restaurant franchisé avait invoqué la règle d’un maquillage “léger et discret”, qui s’appliquerait à toutes et tous, sans distinction de genre. S’il a reconnu “des réactions maladroites”, l’avocat du restaurant récusait les termes de discrimination et de harcèlement. Des arguments inaudibles pour la plaignante : "Il (un responsable) avait dit que si une femme cisgenre se faisait des implants et avait des énormes seins, cela ne le dérangerait pas, mais que si c’était une femme transgenre, cela le dérangerait. À un moment, ce n’est plus de la maladresse. Il l’a clairement dit."

Ce lundi, la défense du restaurant n’a pas fait le déplacement à Angers, mais informe via un communiqué « prendre acte de cette première décision du conseil des Prud'hommes ». La direction « continue de contester les accusations dont elle fait l'objet et étudiera les suites à donner à cette procédure.» De son côté, une page se tourne pour Syntia. La jeune femme espère trouver rapidement un nouvel emploi et déménager à Angers pour ouvrir un nouveau chapitre de sa vie.

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