" Camille", c'est le titre du film que Boris Lojkine consacre à la photojournaliste Camille Lepage morte à 26 ans le 12 mai 2014 en République centrafricaine. Une belle évocation. Il sort le 16 octobre.
Cela faisait 7 mois qu'elle était installée à Bangui, en Centrafrique. Plus qu'un métier, Camille Lepage vivait un engagement, celui de raconter les conflits oubliés. Le photojournaliste Daniel William se souvient d'elle avec émotion :
Tuée par une milice, alors qu'elle se trouvait avec un groupe de partisans, en pleine guerre civile, Camille laisse derrière elle, des dizaines de photos. Un travail, achevé, trois ans après, par sa mère.Elle était connue comme le loup blanc à Bangui. Camille elle rayonnait par son empathie, par son énergie, par sa sympathie, elle était très touchante, puis elle était engageante, on avait envie de la suivre, elle était motivante
Une manière de retrouver le regard de sa fille et aussi son reflet, dans un miroir, dans le coin d'une photo. Sa mère, Maryvonne Lepage, travaille désormais à mettre en avant son travail.
Sauvegarder et montrer le travail de Camille, mais aussi, soutenir les projets, des photojournalistes et les populations dans les zones de conflit.Sur le coup, ça m'a interpellée. Je me suis sentie mal car cette photo me hantait. Après je l'ai vu comme un clin d'oeil dans son livre. Elle est présente dans un petit coin mais elle est là.
Rapidement, la famille monte une association et une marche en 2016 réunit à Angers 300 reporters, du monde entier. Jim Boumehla président de la fédération internationale des journalistes est un pessimiste. Des Camille Lepage on en connaît deux par semaine actuellement dans le monde.
5 ans après sa mort, on ne connaît pas les assassins de Camille Lepage. Le dossier d'instruction a même été perdu par les autorités centrafricaines. Officiellement, l'enquête est cependant toujours en cours.Deux journalistes meurent toutes les semaines depuis 25 ans dans le monde. parce qu'ils font leur travail.
►Le reportage de notre rédaction
"Elle reste un mystère"
"Camille Lepage est une jeune femme qui raconte beaucoup de choses par son parcours, d'une partie de la jeunesse d'aujourd'hui", explique Boris Lojkine, réalisateur du film sur Camille Lepage, "il y a une jeunesse qui rêve de lointain, qui s'investit dans le journalisme, dans l'humanitaire".
Le réalisateur n'a jamais rencontré la jeune photographe mais ce film de fiction est le résultat d'un enquête minutieuse auprès de tous ceux qui l'ont connu.
"J'ai rencontré énormément de gens qui l'ont connu, qui l'ont côtoyé dans le travail, dans la famille, dans l'amitié", poursuit Boris Lojkine, "malgré toutes ces rencontres, elle reste pour moi un mystère. Je pense que c'est bien qu'elle reste un mystère jusqu'au bout comme ça".
Avec l'autorisation de la famille, Boris Lojkine a pu faire un film en toute conscience et librement. La fiction a respecté la vérité de Camille, du métier de photo-journaliste et de la Centrafrique.