Pendant que certains jouent aux jeux vidéo enfermés dans leur salon, d’autres pratiquent le jeu Grandeur Nature (GN) en plein air. Ces passionnés de jeux de rôles préfèrent justement déconnecter du quotidien pour vivre une expérience à travers un personnage, un univers. Mélanie nous raconte ces week-ends endiablés.
Du virtuel au réel
Mélanie a posé ses bagages, comme une soixantaine d’autres joueurs, pour le week-end au nord d’Angers, en Maine-et-Loire, au milieu d’un champ et d’une ferme abandonnée. L’endroit est géré par une association qui a l’habitude d’organiser des GN. Ils sont une quinzaine à encadrer cet événement qu’ils préparent depuis des mois. La particularité ici étant que les joueurs ont pu, au préalable, faire connaissance via un jeu en ligne. L’histoire de douze civilisations d’une galaxie qui doivent s’unir pour garantir la paix.
"Pour ce jeu-là, j’ai dû faire mon costume et celui de mon compagnon. Ça fait un mois et demi que je travaille dessus". Mélanie, 36 ans, est documentaliste en musée en Ile-de-France. Et plusieurs fois dans l’année, elle incarne, le temps d’un week-end, un personnage dans le cadre d’un jeu Grandeur Nature. "Je pratique le GN depuis 15 ans, environ deux à trois fois par an. Plutôt du medfan (médiéval fantastique) ou historique. Là, c’est la première fois que je m’essaie au futuriste".
Un scénario atypique pour une nuit de folie
Parfois, les organisateurs, comme cette fois-ci, imposent une pause la nuit, afin d’éviter que certains, trop impliqués, en oublient de dormir.
"Deux organisateurs "câlins", qui sont des professionnels de l’accompagnement, sont à disposition des joueurs si jamais l’un d’eux a besoin d’écoute", souligne Frédéric. "Ça peut être assez intense un GN. Il peut y avoir besoin d’évacuer certaines tensions. Des joueurs sont parfois victimes du blues post GN après 48 h de jeu".
"Il y a un scénario global qui est secret", explique Frédéric Guilleray, l’organisateur. "Il va se passer des événements, mais tout va dépendre de la manière dont réagissent les joueurs. On a plusieurs fins possibles". Le vendredi soir, chacun installe sa tente, se maquille, enfile son costume, échange brièvement avec d’autres joueurs et se met dans la peau de son personnage. Puis le jeu démarre et ne s’arrête plus jusqu’au dimanche midi.
De documentaliste à prêtresse
Mélanie a pris corps dans son personnage de Tekné, "une prêtresse du dieu de la connaissance. Je suis de la race des technoïdes, des cyborgs. C’est un jeu de stratégie et d’alliance" confie la documentaliste qui sait qu’elle va devoir faire preuve de diplomatie pour arriver à ses fins. "Ça me permet de me déconnecter de la réalité pendant trois jours. Ça m'aère la tête des soucis du quotidien. Je cherche à m’amuser. C’est très ludique. Ça donne lieu à des expériences que je n’aurais jamais faites autrement. On se découvre certaines facettes et ça pousse à sortir de sa zone de confort".
À mi-chemin entre le théâtre et l’improvisation, entre l’escape game et le jeu vidéo, le jeu Grandeur Nature séduit de plus en plus. On a tous un jour rêvé d’être un chevalier ou une princesse. Certains passent du rêve à la réalité, le temps d’un week-end.
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