"La vie à la rue tue" : à Angers, une cérémonie pour se souvenir des personnes mortes sans domicile fixe

À Angers, neuf personnes sans domicile fixe sont décédées depuis septembre 2022 dans la rue ou des suites de conditions de vie trop extrêmes ou trop précaires. Chaque année, le collectif Ginkgo leur rend hommage en dévoilant une plaque commémorative, car l'oubli et l'isolement marquent trop souvent ces parcours de vie.

Chaque matin, ils sont une soixantaine à poser leurs sacs aux bains publics d'Angers, près de la place Imbach. Dans ce lieu public, ils peuvent faire une toilette ou mettre leurs affaires à l'abri. C'est une pause dans ce quotidien à la rue.

"Ça fait au moins dix ans que je galère, raconte l'un d'eux. Là où on vit, ça va, il y a les commerçants qui sont gentils. On fait les invendus, on arrive à survivre. Le plus dur, c'est dormir à la rue. Ça va, j'ai un chien, du coup ça se passe bien."

Ces personnes ont une chose en commun : leurs vies ont prématurément été abîmées par la maladie, l'alcool ou les mauvaises rencontres. "J'ai un pote qui est mort il n'y a pas longtemps, juste avant Noël, explique Abdel. Il s'appelait Carlito, Carlos, il est décédé chez ses parents, c'était un gars de la rue aussi."

Une cérémonie pour se souvenir

Ce 29 septembre, pour commémorer la mémoire des morts de la rue et à l'initiative de l'association Ginkgo, quelques roses sont déposées sur la parcelle des indigents du cimetière de l'Ouest, où sont inhumées les personnes isolées et sans ressources.

À Angers, 87 personnes sans domicile fixe sont décédés depuis la création de ce collectif en 2009, qui émane du collectif Les Morts dans la rue, créé à Paris en 2002.

"Malheureusement, on constate que ce sont des hommes et de plus en plus de jeunes, c'est une catastrophe, confie la présidente de l'association Ginkgo. Souvent ce sont des accidents, mais aussi des suicides, des homicides. Les maladies c'est souvent le cancer, maladies cardiovasculaires, parce que ce sont des gens qui ne se soignent pas toujours, la vie à la rue tue."

2023 a été une année horrible, humainement insoutenable, avec deux décès de deux jeunes de 20 et 22 ans par homicide dans la rue, et deux décès dans l'espace public.

Collectif Ginkgo

Dans l'assemblée, d'anciens compagnons de galère ont tenu à assister à l'hommage. Frédéric a vécu "12 ans dans le froid aussi". "Je connaissais beaucoup de personnes qui sont décédées, j'en connais d'autres aussi qui cherchent un petit endroit comme moi, glisse-t-il. C'est super important qu'on ne les oublie pas. Nous aussi, on aimerait bien qu'on soit présent pour nous le jour où ça arrive".

Les conditions de vie de ces démunis les amènent à décéder prématurément, 49 ans en moyenne, soit 30 années de moins d'espérance de vie que la moyenne française. En 2021, le collectif Les Morts de la rue a dénombré 706 décès de personnes sans domicile.

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