La Pride à Angers est placée ce samedi 14 mai sous le site de la reconnaissance des personnes transgenres. Le suicide d'un lycéen en quête d'identité la veille au Mans était présent dans toutes les têtes. La marche des fiertés lui a été dédiée, pour lui et toutes celles et ceux qui sont engagés dans une démarche transidentitaire.
Un lycéen du Mans s'est donné la mort au lycée Bellevue ce vendredi 13 mai, parce qu'il ne trouvait pas sa place dans la société. Déclarée fille à sa naissance, en cours de transition depuis le collège, il souhaitait qu'on parle de lui au masculin témoignent les élèves.
La transidentité au cœur de la marche des fiertés
À Angers, la Marche des Fiertés était placée cette année sous le signe de la transidentité. Alors forcément tout le monde est sous le choc. Le Mans c'est tout près d'Angers. Et cette histoire là, difficile, résonne douloureusement pour nombre de jeunes ou d'adultes qui l'ont vécue.
On est tous plus ou moins passés par là, peu importent nos âges, qu'on ait 15 ans, 30 ou plus, on se repose constamment la question de notre place, parce qu'on ne nous accorde pas de place.
Alix
Alix poursuit : "Soit on est visible et on sait qu'on va payer les pots cassés, et les pots cassés ça donne ça, soit on se cache et notre santé mentale en prend un sacré coup. Quand on a lu la nouvelle ça nous a mis une énorme claque. Ça aurait pu être nous, nos frères, nos sœurs, nos élèves, c'est voilà quoi..." Son visage se crispe.
Noémie pense à la pression sociale qui conduit un gosse à se défenestrer du 3ème étage : "C'est un crève cœur, en venir à ça si jeune, ça veut dire que la personne se sentait à se point acculée, ça me rappelle pourquoi je me bats. Aujourd'hui, j'ai besoin de montrer que je suis là pour le droit à exister".
Gabriel est venu à Angers pour manifester son droit à être : "Je pense que c'est important, ça fait partie de notre visibilité de notre possibilité d'exister d'une manière plus personnelle et plus objective dans la société. Il y a beaucoup de parties de nos vies où on est obligé, sinon de taire notre identité, de la cacher des fois. C'est assez lourd, on est en permanence en train de de se demander comment ça va être pris".
Envoyer un message positif
Pour les association LGBT angevines, ce suicide d'un adolescent au Mans résonne comme un coup de tonnerre.
La discrimination est globale. Ces jeunes ont peur du moment du coming out, de la révélation de qui ils sont, c'est un moment très émouvant pour eux.
Stéphane Corbin, président de l'association LGBTQI+ Quazar à Angers
Stéphane Corbin poursuit : "La peur, c'est le rejet, c'est le regard de la société, de la famille, des amis. Dans les lycées et dans les collèges on accepte le jeune selon son prénom d'usage, administrativement il reste toujours avec son identité de naissance, mais l'établissement peut se mettre à la hauteur du jeune.
Ce qu'ils vivent c'est la peur du regard, la hantise de ne pas être compris ou comprise et il faut leur envoyer un message positif. On vous aime tels que vous êtes et on vous accepte. Et là, ça va avancer".
La psychiatrisation de la transidentité
Stéphane Corbin et ses amis ont monté à l'issue du premier confinement en 2020, un groupe pour les personnes concernées, transgenres, non binaires. Elles constatent toutes et tous exactement la même chose. En Maine-et-Loire et à Angers, elles ne peuvent plus entamer un parcours de transition sans que les spécialistes exigent une attestation psychiatrique.
La transidentité, les transidentités ne sont pas une maladie, il n'y a donc aucune raison de passer chez le psychiatre, c'est du validisme médical tout simplement.
Stéphane Corbin
"Le questionnement, puis, lorsqu'on est certain de son propre ressenti, de sa transidentité, puisqu'il s'agit d'un ressenti, on entre pour une majorité de ces personnes dans un parcours de transition. On va chez son médecin traitant pour déclencher une affection longue durée pour être totalement remboursé, puis un parcours d'hormonothérapie, qui est très souvent prescrit par un endocrinologue".
Une particularité départementale ?
Problème, dans le Maine-et-Loire plus aucun de ces spécialistes là n'accepte de le faire sans acceptation psychiatrique préalable selon Quazar. Et les personnes ne veulent pas être psychiatrisées.
"Partout en France, il y a des régions où l'on trouve des praticiens formés qui ne l'exigent pas. Nous voulons que le Maine-et Loire deviennent une zone sécurisée et sécurisante pour les personnes transgenres. C'est exactement comme si je vous disais : parce que vous êtes qui vous êtes, la société considère que vous êtes malade psychiatriquement. Ces personnes là ne le sont pas, c'est la société qui est dérangée par le fait que ce ne soit pas binaire, c'est à nous de nous adapter pas à ces personnes là de le faire".
Quazar aide des jeunes ou moins jeunes majeurs, âgés parfois de 70 ans, pour qu'ils entrent dans un parcours, qu'ils puissent en parler tranquillement à leurs familles de façon décontractée et positive.
"La société doit nécessairement évoluer, parce qu'il y a méconnaissance, des stéréotypes, de la transphobie, nous sommes la pour refuser la psychiatrisation des personnes" Le mot d'ordre est lancé, repris par les milliers de participants à la marche des fiertés angevine.