Christophe Béchu, le maire d'Angers, membre du parti Horizons d'Edouard Philippe, a été nommé ce lundi juillet au ministère écologique, en remplacement d'Amélie de Montchalin. Il devient un ministre clé du second quinquennat d'Emmanuel Macron. Mais quel est le bilan local du maire d'Angers en matière d'écologie ? A t-il eu la main verte ?
Le maire d'Angers tout sourire, accueille dans sa ville Edouard Philippe, alors chef du gouvernement, et Elisabeth Borne ministre des Transports.
L'image date de 2018 : Christophe Béchu, incontournable dans la majorité, est déjà identifié sur les questions écologiques.
Il bénéficie de l'image de marque d'Angers, ville verte, capitale du végétal...
Même si lors de son premier mandat municipal, l'environnement n'est pas une priorité.
"Je crois à la nécessité de la transition écologique, je crois à la nécessité de bouger sur ces sujets, dit-il à l'époque, mais je crois aussi à la nécessité de ne pas en faire un sujet idéologique, sectaire, clanique ou partisan".
Mais progressivement, il change de braquet, comme le constate cette sénatrice écologique, qui le rallie en 2019.
"Très clairement le Christophe Béchu avec lequel j'ai dialogué après 2017 n'était pas le Christophe Béchu de 2011, explique Corinne Bouchoux, vice-présidente Angers Loire Métropole chargée de la transition écologique et des déplacements, nous changeons tous, il a changé, c'est heureux et il a vraiment compris que nous devions changer de logiciel. Que la décarbonation n'était pas une option mais un impératif".
Mais dans la cité du Roi René, les voitures continuent de régner en majesté, au détriment de la petite reine, regrettent plusieurs associations.
"En même temps, on favorise la circulation voiture, on continue à créer de l'offre de stationnement, on continue à garde la gratuité du stationnement, constate Nicolas Marty, co-président de l'association Place au Vélo 49, mais cependant on construit des transports en commun et on essaie de construire des aménagements cyclables".
"C'est quelqu'un qui sait s'entourer de personnes compétentes, qui comprend le rapport de force, qui sait bâtir des compromis mais il agit un peu au coup par coup, explique Florence Denier-Pasquier, administratrice nationale, France Nature Environnement, la transition écologique elle demande vraiment cette approche ambitieuse, systémique"
Adepte du "en même temps", homme de compromis, le profil de Christophe Béchu à l'écologie... ne répond pas à l'urgence climatique, estime cette opposante municipale.
"C'est bien, c'est un homme du compromis mais en terme d'écologie aujourd'hui on a besoin, pas de radicalité violente mais d'une radicalité concrète, raconte Claire Schweitzer, conseillère municipale LFI), pas simplement au quotidien mais dans les actes des politiques.
Il va falloir qu'il fasse plus que des compromis, il va falloir qu'il tape du poing sur la table pour résister à un certain nombre de lobbys
Claire SchweitzerConseillère municipale d'opposition (LFI)
Sixième ministre de l'écologie en cinq ans, Christophe Béchu aura fort à faire pour marier les contraires à la tête d'un portefeuille qualifié de ministère de l'impossible.
"Je suis un homme de droite"
Christophe Béchu, le maire Horizons d'Angers, est dans l'air du temps... ou c'est l'air du temps qui est très Christophe Béchu. Allez savoir.
En mars 2017, il lâche François Fillon, plombé par l'affaire des emplois fictifs de sa femme Penelope, avant d'appeler à voter Emmanuel Macron à deux jours du second tour de la Présidentielle.
Virage assumé en juin 2019 lorsque le maire d'Angers apparait en premier signataire d'une tribune de 72 élus de droite, soutiens du président de la République. A 9 mois des municipales.
"Je ne masque pas mes orientations politiques, déclare-t-il à l'époque, je suis un homme de droite, qui appartient à la droite modérée, mais je considère qu'une étiquette ça ne peut pas résumer 60 personnes qui s'engagent dans une démarche"
Conseiller municipal à 21 ans
Autre trait de caractère du natif d'Angers. Il aime quand les choses avancent vite.
L'avenir politique appartenant à ceux qui se font élire tôt, Christophe Béchu devient conseiller municipal à Avrillé en 1995, à 21 ans, sur la liste de Marc Lafineur, son mentor UDF.
Moins d'une décennie plus tard, en 2004, il arrive en joker pour ravir un siège convoité en Maine-et-Loire. Il devient à 29 ans le plus jeune président de Conseil Général de France.
Politiquement, chemin faisant, ce spécialiste du droit public prend sa carte à l'UMP, converti en carte Les Républicains, quand le parti conservateur modifie ses statuts.
Carte maîtresse pour être élu député européen en 2009, sénateur en 2011, mais perdante lorsque qu'une vague rose gagne les régions en 2010.
Droite, divers centre droit, macron-compatible
2014, sa deuxième campagne pour arracher la mairie d'Angers aux socialistes est la bonne. Christophe Béchu l'emporte, poussée en partie par la vague bleue, couleur tendance en 2014.
Devenu Divers droite et incontournable, Christophe Béchu cumule les soutiens de La République en Marche et des Républicains et conserve la mairie d'Angers en 2020 au soir du premier tour.
Pronostiqué ministre sous Sarkozy puis sous Macron, il le devient le 20 mai dernier après 25 ans de vie politique. Il est nommé ministre délégué en charge des collectivités territoriales avant de se voir confier l'écologie dans le nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne.
Droite, divers centre droit, macron-compatible, Christophe Béchu tire des bords dans des eaux qui lui sont familières. Un art de la navigation aujourd'hui récompensé
