Elle avait dit jamais plus jamais… Mais en 2020, Roselyne Bachelot a replongé dans la politique, en acceptant de devenir ministre de la Culture de Jean Castex. Une mission commando qu’elle raconte dans un livre paru chez Plon, "682 jours – le bal des hypocrites", 682 jours comme la durée de son passage rue de Valois. Entretien avec l’ancienne députée du Maine-et-Loire, qui garde toujours des attaches avec sa ville, Angers.
C’est LE carton de la rentrée littéraire 2023 : "682 jours, le bal des hypocrites" fait partie des meilleures ventes de ce début d’année, avec 60 000 exemplaires écoulés. Une réédition a été lancée.
Preuve que la voix de Roselyne Bachelot, une des personnalités les plus connues des Français, continue à porter et à intéresser. En 255 pages, elle y raconte ses 22 mois en tant que ministre de la culture.
Elle qui avait dit "plus jamais la politique", replonge pourtant en quelques secondes quand Jean Castex lui propose en juillet 2020 le ministère qu’elle a n’a jamais eu, et dont elle a toujours rêvé.
La culture, mon point faible, le fantasme de 40 années de politique
Roselyne Bachelot
Ministre des lieux culturels fermés
Pendant 22 mois, elle va être la "ministre des artistes et des territoires" comme elle s’est définie… Mais aussi la ministre des lieux culturels fermés. Le 28 octobre 2020, Emmanuel Macron annonce le 2ème confinement et la fermeture de tous les lieux "non essentiels"… Dont la culture. Une appellation administrative certes. Mais c’est surtout le reconnaît Roselyne Bachelot "une énorme maladresse qui va nous faire beaucoup de mal ".
Tout au long de cette crise, je suis restée scotchée par le double langage de ce milieu
Roselyne Bachelot
La ministre rame ensuite pour garder le contact avec le monde de la culture, qui lui en veut et lui fait savoir. Clara Luciani, Anny Duperey, Benjamin Biolay s’en prennent à la ministre qui les a "mis au pain sec".
"Sa tartine était pourtant bien beurrée, et des deux côtés "lâche aujourd’hui Roselyne Bachelot en évoquant Benjamin Biolay. Il fait partie de ces hypocrites qu’elle tance dans son livre : "Ces artistes qui nous remercient dans leur loge et nous critiquent en public. Tout au long de cette crise, je suis restée scotchée par le double langage de ce milieu ".
Mais les artistes ne sont pas les seuls hypocrites pointés du doigt par l’ancienne ministre. Elle parle aussi des "politiques qui trouvaient qu’on dépensait trop d’argent et qui n’arrêtaient pas de tendre la main pour recevoir des subventions supplémentaires. Des élus locaux qui demandaient plus de pouvoir et quand on leur donnait, ne l’exerçaient pas ".
Durant 22 mois, Roselyne Bachelot se donnera plusieurs priorités : rééquilibrer le budget du ministère en faveur des régions et pas seulement de l’Ile de France (qui capte 80% des crédits !), nommer plus de femmes aux postes-clés (dans les DRAC [Directions régionales des affaires culturelles], dans les grands musées comme le Louvre avec l’arrivée en 2021 de Laurence Des Cars), la restitution des biens spoliés pendant la seconde guerre mondiale à des descendants de familles juives…
Mais son principal combat, ce fut d’obtenir la réouverture des lieux culturels. Ils ont été fermés pendant 6 mois. Un interminable tunnel pour les amoureux de culture et surtout pour les artistes. "Un cauchemar, raconte Roselyne Bachelot. La camarilla des intégristes sanitaires avait littéralement pris le pouvoir. Nos experts étaient bien en peine de nous fournir une argumentation solide pour nous expliquer pourquoi il était plus dangereux d’être dans un théâtre que dans une rame de métro". Les musées, salles de cinéma, d’opéra, théâtres resteront fermés de fin octobre 2020 à mai 2021.
Laurent Wauquiez ou Xavier Bertrand se protègent en restant dans leurs féodalités locales. Ils ont un peu déserté
Roselyne Bachelot
Roselyne Bachelot ou le mélange des genres ?
Depuis mai 2022, Roselyne Bachelot est redevenue chroniqueuse radio. "Je revendique de faire plusieurs choses". Comprenez, de faire des allers-retours entre la politique et l’animation, mélange des genres qui lui a été reproché.
Je suis très inquiète pour ma famille, les Républicains
Roselyne Bachelot
Et la politique alors ?
La politique d’ailleurs, elle la suit toujours de près. Et notamment la situation de son ancien parti, les Républicains. Elle fait le constat d’une " sorte de perte de charisme des personnalités qui représentaient [le parti]. En 1988, lorsque je suis arrivée, députée d’Angers, j’avais en face de moi Chirac, Balladur, Juppé… Et là maintenant, il y a une sorte d’appauvrissement de la vie politique, et c’est particulièrement vrai pour les Républicains ".
Dans son viseur, Eric Ciotti, Aurélien Pradié… Mais aussi "ceux qui se réfugient dans leurs féodalités, que ce soit Laurent Wauquiez ou Xavier Bertrand. Ils se protègent en restant dans leurs collectivités locales. Ils ont un peu déserté. On peut comprendre… C’est pas pour ça qu’on excuse ".
Roselyne Bachelot n’a rien perdu de son franc-parler. Mais c’est désormais depuis Paris qu’elle lâche ses coups. Elle y vit, mais garde une maison à Angers. Une ville où l’ancienne ministre ne revient que pour des événements familiaux.
Voici ce qu’elle évoque aux Angevins rencontrés sur la Place du Ralliement, où elle fait partie des femmes célèbres de l’Anjou présentée dans la cadre d’une exposition en plein air.
► Dimanche en Politique, avec Roselyne Bachelot C'est dimanche 2 avril à 11h25 sur France 3 Pays de la Loire et en avant-première sur notre plateforme France.tv