Cholet : rencontre avec Jean-Claude Bauer, dessinateur au procès Barbie

Pendant dix ans, il a suivi pour Antenne 2 tous les grands procès de l’époque : Barbie, Gregory, Tapie, Touvier, Papon. Il croquait les bons, les brutes et les truands. Installé aujourd’hui à La Tessouale près de Cholet, il revient pour nous sur son parcours de dessinateur de presse.

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Le procès Barbie, c’était son premier procès et il en est ressorti marqué. "Je croyais que c’était un procès pour l’exemple et je pensais que ça n’arriverait plus. Je me suis bien trompé. J’étais naïf". Des magouilles financières, des manipulations et même des erreurs judiciaires. Jean-Claude Bauer en a vu au cours de sa carrière de chroniqueur. "C’est une belle leçon de vie" explique-t-il. "J’ai fréquenté les bas-fonds de l’humanité et j’ai découvert que notre société n’était pas composé que de gens honnêtes".

Des procès pleins de surprises

La plupart du temps, tout se passe tranquillement sans qu’il n’y ait trop à raconter. Mais il arrive que le déroulement du procès dérape et créée de l’inattendu comme lors du jugement de Fouad Ali Saleh, l’auteur d’une quinzaine d’attentats de Paris en 1985-1986. "Lors du procès, des contestions ont eu lieu" se souvient Jean-Claude Bauer. "Il a fallu évacuer manu militari la salle et je n’avais pas de caméra pour suivre le mouvement. Il m’a donc fallu reconstituer la scène après coup. Pas facile"

Autre surprise au procès des profanations de tombes juives dans le sud de la France. "Je me souviens que l’auteur du saccage s’était excusé en entendant le témoignage d’une femme qui avait porté plaint pour le  saccage de la tombe de son mari. Ça m’a étonné".

La vérité dérangeante

Et puis il y a des procès qui lui ont laissé un goût amer parce qu’il avait le sentiment d’avoir été manipulé comme l’affaire Omar Raddad, le jardinier injustement accusé du meurtre de sa patronne. "Il a pris 18 ans" se souvient Jean-Claude Bauer.

Il n’en a fait que 7. Mais il était innocent. Il a été condamné par des juges fachos. La vérité est parfois dérangeante à entendre.


Jean-Claude Bauer se défend d’être un dessinateur engagé. Il se définit comme un simple observateur, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des opinions. "J’avais été embauché après Cabu pour travailler à l’américaine sur les procès, avec du recul sur les faits. Je ne devais pas prendre position pour les uns ou pour les autres. Ma démarche n’était pas politique comme celle de Riss par exemple que j’ai aussi fréquenté lors des audiences".


►Notre reportage 


"la force du dessin, c'est la spontanéité"

Lorsqu’il suivait ces procès très médiatiques, Jean-Claude Bauer  se documentait le moins possible sur l’affaire, préférant se faire son idée sur les personnages en direct. "La force du dessin, c’est sa spontanéité" précise-t-il.

Aujourd’hui, le dessinateur formé aux Beaux Arts de Lille est revenu à ses premières amours, la BD. Il s’est d’abord mis à compte d’auteur et aujourd’hui, il vit de sa retraite à La Tessoualle.  Mais il n’a pas arrêté pour autant de dessiner car chez lui, c’est une passion dévorante qui a commencé à 6 ans. "Je crois que je mourrai le crayon à la main" avoue-t-il.

Le métier s'appauvrit

Pour lui, le métier va devenir compliqué car il s’appauvrit. De plus en plus de dessinateurs sont sur le pavé et ne gagnent même pas le SMIC.  La faute à un marché saturé et à des rémunérations insuffisantes. "L’auteur ne touche que 5% du prix du livre. Ce sont les éditeurs et les libraires qui se font de l’argent" se lamente Jean-Claude Bauer.

Aujourd’hui la tentation est grande de s’auto éditer et de faire appel au crowdfounding pour publier un livre. Mais pour lui, ce n’est pas non plus une bonne solution. "Cela demande beaucoup d’effort. Les auteurs doivent se charger de la diffusion dans les librairies et faire leur propre promotion dans les Salons des livres". Et de regretter le temps où les éditeurs effectuaient des avances sur les droits d’auteur.

Pif et le capitalisme

Loin de lui de penser que tout était parfait il y a 40 ans. Lorsqu’il travaillait chez Pif, un journal géré par le parti communiste, son salaire n’était pas bien lourd. L’employeur ne cotisait pas suffisamment pour lui assurer une bonne couverture sociale. "Il me rétorquaient qu’ils vivaient dans un monde capitaliste et qu’ils  appliquaient les règles du capitalisme, ce qui avait le don de m’agacer».

 Idem pour obtenir sa carte de presse. Il a du se bagarrer pour l’avoir. Ce n’est ni Pif, ni Antenne 2 qui la lui a accordé mais l’INRS, un organisme travaillant pour la prévention des risques au travail. Et de conclure : "Pour exercer ce métier de dessinateur aujourd’hui, il ne faut pas compter ses heures et être passionné pour tenir le coup".
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