Dans une lettre publiée mercredi par la presse espagnole, l'ETA a officiellement annoncé sa dissolution après avoir en 2011 renoncé aux actes de violence et livré ses armes. Dans les années 90 l'organisation séparatiste basque faisait parler d'elle jusqu'en Anjou.
C'était dans les années 90. Les gouvernements français et espagnols travaillaient ensemble dans la lutte contre l'organisation séparatiste basque.
Suffisamment loin de l'Espagne pour se sentir à l'abri et suffisamment près de la Bretagne pour y trouver des appuis dans la mouvance indépendantiste, plusieurs figures de l'ETA ont à l'époque trouvé refuge en Pays de la Loire.
Six membres de l'ETA sur l'île d'Yeu
Suite à un accord entre les deux gouvernements plusieurs "têtes" de l'ETA ont été assignées à résidence pendant plusieurs mois à l'île d'Yeu. La France ne les livrait pas aux Espagnols mais elle les gardait à l'œil bien au chaud à l' "Hôtel des Voyageurs" sur le port. L'un d'eux, un certain Thomas, avait pour habitude de faire son footing le matin autour de l'île.
Dix-huit policiers français les ont surveillés 24h sur 24. " Ça nous a coûté une fortune, raconte cet ancien policier aujourd'hui à la retraite. Un dimanche, un car entier de basques espagnols a débarqué sur l'île. C'était leur famille qui venait leur rendre visite."
Mais la présence de l'ETA sur le sol ligérien ne se cantonne pas à cet épisode touristico-diplomatique.
A Miré, au nord d'Angers, deux couples s'étaient un temps installés dans une ferme pour s'éloigner de la menace. A Châteauneuf-sur-Sarthe c'est un couple avec leur enfant qui a été assigné à résidence.
Mais surtout, un jour de décembre 1991 les policiers angevins reçoivent un télégramme. Il a été envoyé de Madrid et signale la présence dans le Maine et Loire d'un des pontes de l'ETA. L'homme d'une trentaine d'années est accusé d'être l'auteur de plusieurs attentats dont certains ont provoqué la mort de policiers espagnols.
Le numéro deux de l'ETA vivait Boulevard Foch à Angers
Suivra alors un long travail pour localiser celui qui se fait appeler Dienteputo, de son vrai nom José Luis Eciolaza Galan et que l'on présente comme le numéro deux de l'ETA.
Il est localisé par les policiers angevins boulevard Foch, dans un appartement au dessus d'un opticien non loin du cinéma "Les Variétés".
Une 20aine de policiers vont le filer pendant un an. Ordre leur est donné de ne pas intervenir. Il faut d'abord le surveiller, connaître ses activités, ses contacts éventuels.
Il passait souvent ses après-midis à la bibliothèque municipale...
"C'était un intello, raconte cet ancien policier. Il passait souvent ses après-midis à la bibliothèque municipale rue Toussaint. On l'a toujours soupçonné de planquer des messages dans des livres à destination d'un contact."
Une caméra est même posée par les renseignements généraux dans un appartement juste en face du sien pour surveiller ses allées et venues.
Dienteputo se sait suivi mais il sera quand même arrêté et livré aux autorités espagnoles.
L'ETA aura donné pas mal de travail rue Dupetit Thouars, siège du commissariat à Angers.
La douceur angevine avait à l'époque des coulisses plus épicées.