Remplacer un agriculteur quand il est absent, c'est la mission des agents de remplacement. Un métier auquel on peut aujourd'hui se former en alternance. Une nouvelle forme d'apprentissage qui attire de plus en plus les jeunes non issus du milieu agricole. L'occasion de se confronter à la réalité du métier d'agriculteur et de découvrir différents modèles de productions.
Le jour ne s'est pas encore levé, mais déjà, Jules est sur le pont. Ou plutôt dans la salle de traite, où une cinquantaine de vaches l'attendent. Un univers qui lui semble familier, et pourtant, le jeune homme n'a pas grandi dans une ferme. Mais c'est le métier qu'il a toujours rêvé d'exercer.
À 18 ans, un Bac scientifique en poche, Jules Socheleau a donc décidé de poursuivre ses études en se lançant dans un BTS agricole. Il a fait le choix de l'apprentissage en Service de Remplacement pour se confronter directement à la réalité du métier.
Pour moi qui n'est pas du milieu agricole, cet apprentissage en Service de remplacement va me permettre de voir différentes exploitations et d'avoir une meilleure vision du métier
Jules SocheleauApprenti en Service de remplacement
Une nouvelle forme d'apprentissage qui va lui permettre de découvrir plusieurs exploitations en plus de sa ferme support, où il passera la majorité du temps.
"Vu que je ne suis pas issu du milieu agricole, j'ai préféré faire mon apprentissage en Service de remplacement, pour voir différentes fermes, différents systèmes de productions pour avoir une meilleure vision du métier, explique-t-il. Là, je suis dans un élevage laitier, mais d'ici la fin de mon BTS, j'aurai aussi vu des élevages porcins, de volailles".
Devenir rapidement autonome
À ses côtés, Matthias Ménard, son maître d'apprentissage, installé à Chemillé-en-Anjou (Maine-et-Loire), dans une exploitation laitière.
Pendant deux ans, à raison de deux semaines par mois, c'est lui qui va lui apprendre le métier, le former aux différentes tâches jusqu'à ce que Jules soit complétement autonome.
Mais déjà, depuis son arrivée sur la ferme en septembre dernier, les résultats sont encourageants. "Il a fallu commencer par les bases, car il ne connaissait pas du tout le métier. Mais il apprend vite, il acquiert des compétences, se réjouit l'éleveur laitier, le regard complice, tourné vers son apprenti. Sur la traite par exemple, il est déjà autonome. Pareil pour l'alimentation mécanisée. Mais il y a encore pleins de choses à apprendre, comme la mécanique, par exemple, qui fait aussi partie du métier".
Car le travail, sur une ferme, ce n'est pas ce qui manque "mais quand on est motivé, ce n'est pas un problème, rétorque l'apprenti agricole, et Matthias prend le temps de bien m'expliquer les choses, ça y fait aussi !".
Ce matin, une nouvelle mission attend Jules : il doit surveiller l'une des vaches, prête à vêler. "Tu vois cette vache ? Son bassin commence à se creuser, c'est bien possible que ce soit pour cet après-midi, explique Matthias Ménard. Il faut que le veau soit placé dans le bon sens, ses deux pattes de devant doivent sortir en premier avec le nez du veau sur les pattes. Après, tu la laisses faire et tu reviens une demi-heure après pour voir si ça a avancé".
Mais les heures passent et à midi, le veau n'a toujours pas montré le bout de son nez. Et pour Jules, qui a commencé son travail à six heures ce matin, la journée est terminée. Et demain est un autre jour...
Renouveler les générations agricoles
Alors que près d'un agriculteur sur deux partira à la retraite dans les dix années à venir, le renouvellement des générations agricoles est un véritable enjeu.
Et le Service de remplacement fait partie des dispositifs qui encouragent les jeunes à se lancer, et particulièrement ceux qui n'ont pas de parents agriculteurs, ceux qu'on appelle les "NIMA", les personnes Non issues du milieu agricole. Ils représentent 30 % des agents de remplacement.
Et le Maine-et-Loire est l'un des départements où l'on compte le plus d'installations d'agriculteurs non issus du milieu agricole.
La finalité, c'est d'amener des vocations et de recruter de futurs agents de remplacement avec, comme objectif, l'installation
Flavie GobinConseillère référente Service de remplacement
"L'objectif du service de remplacement, c'est de leur permettre de développer davantage de compétences sur des missions très variées, explique Flavie Gobin, conseillère référente. La finalité, c'est d'amener des vocations et de recruter de futurs agents de remplacement, avec comme objectif, l'installation".
Un tremplin vers l'installation
En 2023, 45 % des installations en Maine-et-Loire ont été réalisées par des agriculteurs non issus du milieu agricole. Parmi eux, d'anciens agents de remplacement, pour qui le dispositif a été un tremplin avant de s'installer.
Jules compte bien, lui aussi, avoir un jour sa propre exploitation. Mais d'ici-là, d'autres missions l'attendent et après son BTS, il souhaiterait devenir agent de remplacement, le temps de mûrir son projet d'installation.
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv