Elections européennes. "On essaye de garder l'argent pour des actions plus utiles" dit le maire d'une petite commune qui refuse d'acheter davantage de panneaux électoraux

Pour les petites communes, se mettre en conformité avec le Code électoral n'est pas une mince affaire. Pour les élections européennes de ce 9 juin, il faut pouvoir poser, près de chaque lieu de vote, les affiches des 38 listes déclarées. Il faut donc acheter un nombre suffisant de panneaux et trouver l'espace pour les poser !

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Jean-Christophe Rouxel, le maire de la plus petite commune du Maine-et-Loire, 120 habitants, s'est armé de son gros rouleau de ruban adhésif pour parfaire le collage des affiches des listes en lice pour les élections européennes de ce dimanche 9 juin. Il faut dire que, pour avoir ses 20 panneaux réglementaires pour les 38 listes déclarées, il a dû trouver une solution. Les panneaux qu'il a à sa disposition ne suffisaient pas, il en fallait neuf autres. Trop cher pour ce village qui aurait dû investir 1000 euros pour s'équiper.

Des bâches agricoles pour support

Le maire a donc sollicité un cultivateur qui lui a fourni des bâches agricoles. Fixé contre une haie, près du bureau de vote, ce sera le support officiel à La Lande-Chasles !

"La loi oblige à respecter un certain nombre de critères, notamment au niveau des dimensions, que ce soit largeur ou hauteur, et du nombre de panneaux nécessaires par rapport au nombre de listes, explique Jean-Christophe Rouxel. Mais, à aucun moment, il n'est indiqué le support."

La commune avait déjà utilisé ce stratagème en 2019, lors du précédent scrutin européen.

"Ça nous a couté 20,60 €. Il n'y a pas de petites économies, estime l'élu. Nous sommes la plus petite commune du Maine-et-Loire avec zéro euro d'endettement depuis plus de 20 ans ! Pour le reste, on a respecté à la lettre le Code électoral."

Manque de place

Plus au sud du département, à Varennes-sur-Loire, le maire était face à une autre difficulté, il doit poser ses panneaux sur deux sites, dont l'un est prévu pour la fête locale, "La tablée varennaise", ce samedi 8 juin. Sans compter le marché hebdomadaire qui se tient sur cette même place. La commune de près de 2000 habitants, située à l'est de Saumur, a obtenu une dérogation préfectorale pour se contenter d'un seul site d'affichage.

"Il y avait un site sur la place du jeu de paume, en plein centre du bourg, où, le 8 juin, on accueille 1500 convives. Mettre une vingtaine de panneaux, on n'avait pas la place. Et puis, ce n'est pas recommandé de parler politique à table, sourit Gilles Talluau. Plus sérieusement, 38 candidats, 20 panneaux, c'est quand même beaucoup pour toutes les communes de France. D'abord ça a un coût, pour l'installation, pour les panneaux. Dans les communes, c'est la débrouille. Souvent, on récupère des panneaux de contreplaqué ou, comme à La Landes-Chasles, des bâches à asperges."

Le président de l'association des maires ruraux du Maine-et-Loire pointe aussi le manque d'égalité entre les différentes listes qui ne pourront pas envoyer d'affiches pour tous les panneaux. A ce jour, il n'a reçu que 14 affiches sur 38. Pour lui, cette obligation d'affichage est un peu désuète.

"Aujourd'hui, dit Gilles Talluau, il y a d'autres supports qui existent (médias, réseaux sociaux...). L'affichage, est-ce que c'est bien toujours le bon vecteur de communication, on s'interroge, compte tenu du coût environnemental que ça peut avoir."

"Il y a quand même des listes un peu farfelues !"

Cette affluence de listes laisse d'ailleurs Gilles Talluau dubitatif. "Il y a quand même des listes un peu farfelues, déclare-t-il. Il faudrait adopter un système de parrainage, comme on fait pour la présidentielle."

Le maire de Varennes-sur-Loire sait qu'il ne pourra avoir dans son bureau de vote que les bulletins de 20 listes.

"Les autres, précise-t-il, il faudra aller les chercher sur internet. Beaucoup de gens ont internet, mais il y en a qui ne l'ont pas. Quand on se présente dans un bureau de vote et qu'il n'y a que 20 bulletins au lieu de 38, il y a quelque chose qui ne va pas."

Dans une autre commune de l'est du Maine-et-Loire, Courléon, on a choisi d'utiliser le recto... et le verso des panneaux d'affichage. Pas sûr que ce soit bien réglementaire.

Selon la Préfecture de Région que nous avons contactée :

"Utiliser les panneaux d’affichage en recto-verso est fortement déconseillé, en raison de la rupture d’égalité entre les candidats qui pourrait être invoquée en cas de contentieux post-électoral."

Le reportage de Eric Aubron, Laurence Couvrand et Valérie Brut.

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