La plus grande cimenterie de France, celle du géant Lafarge, est située en Mayenne, à Saint-Pierre-la-Cour, entre Laval et Vitré (Ille-et-Vilaine). Une activité régulièrement pointée du doigt pour son impact environnemental. Pour décarboner le secteur de la construction, l'industriel propose désormais un ciment à base d'argile dont la fabrication réduit les émissions de dioxyde de carbone (CO2).
Près de 8% de la production nationale de ciment sort de l'usine Lafarge de Saint-Pierre-la-Cour (Mayenne), 1,5 million de tonnes y sont produits chaque année. Mais cette activité n’est pas sans conséquences sur l'environnement : l’usine fait partie des 50 sites industriels qui émettent le plus de CO2 dans l’Hexagone, soit plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du secteur industriel (54%).
Pour réduire notablement ses émissions de CO2, le groupe industriel produit désormais du ciment bas-carbone, à base d'argile locale, importée de Bretagne. "Ce matériau permet de limiter nos émissions de CO2 tout en conservant des qualités de haute performance dans les ciments", explique Philippe Penchaud, directeur de projet.
La matière principale du ciment reste le calcaire, un matériau prélevé dans les carrières avant d'être concassé, broyé puis chauffée à 1 450 degrés. C'est lors de la cuisson que le calcaire libère son dioxyde de carbone, à l'origine des fortes émissions des cimenteries.
Une fois cuit, le calcaire devient le clinker. Pour produire du ciment bas-carbone, l'usine Lafarge de Mayenne remplace le clinker par de l'argile calcinée.
"Pour la calciner, il faut peu d’énergie, elle est cuite à 800 degrés, et par sa composition chimique, elle n’émet pas de CO2", explicite Philippe Penchaud.
40 millions d'investissements
Mise en service depuis quatre mois, cette nouvelle ligne de production d’argile calcinée est la première en Europe, pour un investissement de 40 millions d’euros. Près de la moitié du ciment produit dans l'usine est désormais fabriqué avec cette nouvelle formule.
Si ce procédé permet de diminuer la présence de clinker, il ne l’élimine pas complètement. Les industriels utilisent quand même le terme de décarbonation.
"Décarboner c’est une référence par rapport aux anciens ciments qui étaient 100% fabriqué avec du clinker. En introduisant des produits décarbonés comme l’argile calcinée, on va atteindre au minimum 30% de réduction d’empreinte carbone", assure Olivier Raia, directeur de l'usine.
Ce nouveau ciment bas-carbone répond aussi aux nouvelles réglementations du marché. "Au fil des années, en 2025, en 2028, les seuils vont être de plus en plus exigeants. C’est pour cela qu’il faut aujourd’hui pouvoir proposer aux constructeurs des ciments bas-carbone", confirme Gaël Beaugendre, responsable communication Lafarge-Holcim.
Reportage de Florie Cotenceau, Carine Mordrelle et Sophie Boismain
Le cimentier mène un autre projet d'envergure, construire une nouvelle usine qui puisse capter directement le dioxyde de carbone à la sortie de la cheminée. Le gaz serait ensuite transporté jusqu’à Saint-Nazaire, où il serait transformé et réutilisé, ou piégé dans les fonds marins.
Cette technologie, coûteuse et encore peu déployée, est toutefois contestée par les associations environnementales.
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