Immerger des serveurs informatiques dans des cuves remplies d'huile biodégradable : c'est le système innovant porté par le jeune groupe informatique Numains, basé à Laval (Mayenne). Cette méthode permet de faire des économies d'énergie et de réutiliser la chaleur dégagée. Une solution qui pourrait diminuer l'empreinte carbone des data centers de demain.
Trouver une solution à la surconsommation d'énergie des centres de stockage des données numériques est un enjeu majeur dans les années à venir. Car aujourd'hui, pour rafraîchir ces data centers, les entreprises climatisent la salle dans laquelle les serveurs informatiques sont entreposés.
Cette solution est pourtant très énergivore et représente jusqu'à 40 % des coûts d'un data center. Le groupe Numains et sa filiale Hyprion, basés à Laval, travaillent sur cette problématique depuis 10 ans. Leur idée : immerger des serveurs informatiques dans des cuves remplies d’huile biodégradable, économe en énergie.
"C'est un fluide électrique qui n'est pas conducteur et qui permet de dissiper la chaleur dégagée par les serveurs et de l'intégrer sur un circuit hydraulique via un échangeur, pour chauffer un bâtiment ou une piscine par exemple, précise Nicolas Boulinguiez, le fondateur et dirigeant de la société. Une solution d'autant plus vertueuse qu'elle permet de diviser par deux la consommation d'énergie."
Ce process présente deux atoûts : il permet de faire des économies d'énergie et de réutiliser la chaleur dégagée pour chauffer un bâtiment ou une piscine par exemple.
Nicolas BoulinguiezDirigeant de Numains
Des tanks de 800 litres
L'entreprise a créé d’énormes cuves en inox pour réaliser ce nouveau système de refroidissement. Ces tanks d’environ 2 mètres de long peuvent contenir jusqu'à 800 litres d’huile minérale et abriter 25 serveurs physiques. Le prix de ces cuves, commercialisées depuis un an, dépend de l'usage qui en est fait.
Dans le contexte énergétique et climatique actuel, le marché du data center est en pleine expansion. Aujourd'hui, les data centers représentent 5% de l'énergie mondiale.
Nicolas BoulinguiezFondateur de Numains
Une collectivité peut, par exemple, utiliser un tank juste pour alimenter son réseau de chaleur ou alors y effectuer son stockage de données et ses calculs informatiques. "Si vous voulez y stocker des données et l'utiliser pour le chauffage, il faut compter entre 100 000 et 150 000 euros", précise Nicolas Boulinguiez.
La protection des données
À Laval, les locaux d’Hyperion hébergent depuis 2022 "une cinquantaine de serveurs virtuels, contenus sur une petite dizaine de serveurs physiques" pour le compte de tiers.
"Pour nos clients, c'est un atout majeur, car il faut être de plus en plus vigilant sur ses données. Savoir où elles sont stockées et surtout, comment les sécuriser", affirme le jeune chef d'entreprise, dont l'objectif est d'écouler 150 unités d'ici à 2026.
Le groupe Numains compte une quarantaine de salariés et plus d'un millier de clients, des PME dans les secteurs de l'industrie, du tertiaire et du service. En 2028, le groupe entend atteindre 9 millions d'euros de chiffre d'affaires et doubler son effectif.