Rencontre avec Edouard Bergeon réalisateur du film "Au nom de la terre", lors du Salon de l'agriculture

Présent au salon de l'agriculture et à quelques jours de la cérémonie des Césars, Edouard Bergeon, réalisateur du film "Au nom de la terre" revient sur ce succès populaire. Entretien.

"Au nom de la terre", le long métrage d'Edouard Bergeon a réuni deux millions de spectateurs depuis sa sortie. Film hommage à son père agriculteur en Mayenne, le réalisateur porte un regard très juste sur l'évolution du monde agricole ces dernières décennies.
Son film est nominé aux Césars dans trois catégories, "meilleur premier film", "César du public" et "meilleur espoir masculin" pour Anthony Bajon.

Maxime Jaglin est allé à sa rencontre au Salon de l'agriculture qui se tient en moment à Paris.

Le salon de l’agriculture est un évènement que vous connaissez bien ?

Aujourd’hui je suis un Parisien, mais j’ai toujours de la terre qui colle à mes baskets. Le salon de l’Agriculture, j’y viens tous les ans parce que j’ai des copains qui y sont. C’est un rendez-vous politique, médiatique. Beaucoup de français y viennent. Je crois qu’ils aiment quand même leurs agriculteurs même s’ils leur tapent un peu dessus en ce moment.

2 millions d’entrées, 3 nominations aux Césars, comment expliquez-vous un tel succès ?

Les pays de la Loire et la Mayenne sont la région et le département où le film a le mieux marché. J’ai mis sur les écrans des agriculteurs, qui sont venus se voir. C'est aussi pour cela que le film a marché en région, alors qu'il a fait simplement 115 000 entrées à Paris.
Dans les milieux urbains, le film a moins marché, il y a une sorte de fracture entre les centres urbains et la ruralité.

Ce film arrive à un moment ou plusieurs thèmes se croisent, le réchauffement de la planète, le bien manger, la préservation de l’environnement. On n’aurait pas fait deux millions d’entrées il y a quelques années parce qu’il n’y avait pas les mêmes prises de conscience.

Que dit votre film des bouleversements du monde agricole ces dernières décennies ?

Le film se passe à la fin des années 70 et au cœur des années 90, parce que c’est directement inspiré de l’histoire de ma famille. Mon père était agriculteur, mon grand-père aussi. Je raconte ce qui a changé ces dernières années, comment le mal-être est arrivé dans le monde agricole, l’endettement.

Ce film se passe il y a vingt ans mais j’ai envie de dire que rien n’a changé, et c’est même pire aujourd’hui. Un agriculteur se suicide tous les deux jours en France.

On parle beaucoup d’agribashing, que pensez-vous du lien qu’on dit distendu entre producteurs et consommateurs ?

Il y a un jugement de la société qui est terrible par méconnaissance. Le consommateur est très exigeant, il a envie de savoir d’où viennent ses produits, ce qui est normal. Sauf que le consommateur aujourd’hui a le pouvoir justement de préserver une ferme autour de chez lui et non d’encourager une agriculture de firme avec des produits qui viennent du bout du monde.

On a tous une carte bleue dans notre poche. Cette carte bleue c’est notre bulletin de vote pour choisir ce qu’on achète. Privilégions une agriculture de fermes familiales, rurales, qu’on connait bien. Cette transition est déjà en cours, mais il faut prendre son temps.

J’ai envie de parler d’agriloving. Aidons les agriculteurs à changer les choses. Le bons sens paysan, ils l’ont, ce n’est pas en leur tapant sur la tête qu’on va les aider. 

Qu’avez-vous mis de vous dans ce film ?
J’ai grandi à la ferme donc j’y ai mis tous mes souvenirs, il y a presque les odeurs dans ce film, il est sensoriel. J'ai été attentif à respecter la techniques, la précision des gestes. Je fais un film pour le grand public mais il doit être juste pour mes pairs agriculteurs. S’il y avait eu un défaut, ils n’y auraient pas cru.

J’y ai mis aussi de beaux souvenirs, une piscine l’été en bottes de paille, des balades en vélo…
 

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