Alors qu'il était de garde ce week-end à Mayenne, Luc Duquesnel a été menacé de mort à deux reprises. Faute de temps, le médecin régulateur n'a pas porté plainte, après avoir régulé "entre 8h et 20h plusieurs centaines d'appels", précise-t-il.
Au cours de deux échanges, Luc Duquesnel, le médecin régulateur de garde le week-end dernier à Mayenne, a été menacé de mort, " des gens alcoolisés", explique le Dr Dusquesnel, généraliste et président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).
"C'est un homme qui m'a appelé à quatre reprises en une heure, samedi en fin d'après-midi, poursuit le médecin, manifestement ivre, il appelait pour son copain qui était lui aussi alcoolisé, et souhaitait que je lui envoie le SAMU sans plus attendre. Ce que j'ai refusé au vu de la situation. C'est mon rôle de réguler et à part conseiller à cet homme d'allonger l'autre personne sur le côté et de lui faire boire de l'eau en attendant qu'elle aille mieux, c'est tout ce qu'il y avait à faire dans ce cas-là".
Un refus "d'obtempérer" qui lui a valu d'être menacé de mort à deux reprises. "C'est souvent le cas avec l'alcool. Mais pas seulement, il arrive aussi régulièrement qu'il s'agisse de personnes présentant des troubles psychiatriques et/ou qui n'ont pas pris leur traitement", ajoute le Dr Luc Duquesnel.
Un phénomène de plus en plus fréquent
Dr Luc Duquesnel
Dans les mêmes moments ou le Dr Duquesnel se faisait verbalement agresser, à Mulhouse, un autre médecin a été, lui, physiquement agressé, lors d'une consultation à domicile. Un homme lui a tiré dessus avec un fusil à pompes factice, chargé de billes. L'agresseur présumé a été condamné à 5 ans de prison ferme en comparution immédiate ce lundi après-midi.
"En 2021, un millier de médecins a déclaré avoir été victime d'une agression", s'inquiète le Dr Luc Duquesnel.
Certains médecins sont également contraints de s'équiper dans leur cabinet avec des bombes lacrymogènes pour se défendre en cas d'attaque, "ce qui n'est pas franchement rassurant. Mais aujourd'hui, c'est devenu le quotidien des pompiers, des personnels des urgences et même des journalistes au passage !", constate, non sans amertume, le président de la Confédération des syndicats médicaux français.
Sur 5 gardes de régulations par mois, au moins une agression plus ou moins violente
Des gardes de régulation exercées par un médecin qui répond aux appels provenant du 15 ou du 116 117, il en fait cinq par mois environ. "Et je me fais agresser verbalement au moins une fois par mois. Oui, au moins".
Le président de la Confédération des syndicats médicaux français réclame des peines sévères "pour jouer un rôle dissuasif", et ainsi tenter d'enrayer ce fléau.