STAPS, comme sciences et techniques des activités physiques et sportives. Une filière universitaire victime à la fois de son succès et d'un manque récurrent de moyens. Les étudiants de STAPS Nantes dénoncent eux aussi des conditions qui se dégradent dans les amphis. Ils manifesteront le 13 octobre.
Même s'ils ne sont pas les plus mal lotis, les étudiants de la filière STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) de Nantes manifesteront le mercredi 13 octobre devant le Rectorat.
Régulièrement depuis la rentrée, dans tous les UFR STAPS de France, les étudiants font une minute de silence à la mémoire d'une filière qu'ils estiment oubliée.
En première année, à Nantes, certains n'ont pas la chance de trouver une place dans l'escalier qui mène à l'amphi bondé. Ils doivent rentrer chez eux sans suivre le cours.
"Ils sont sûrs de ne pas avoir de place"
"Généralement, 30 élèves ne peuvent pas assister aux cours, témoigne Zélie, étudiante, et certains ne viennent pas d'office en cours magistraux car ils sont sûrs de ne pas avoir de place."
Cette jeune Herblinoise s'estime pourtant chanceuse. Dans d'autres villes, la filière est sinistrée. Comme à Rennes, où les cours ont débuté avec cinq semaines de retard, faute d'enseignants en nombre suffisant. Toulouse, cite-t-elle également "où les locaux ne sont plus aux normes incendie, Bobigny où les salles ne sont pas en nombre suffisant pour faire cours, Le Mans où la capacité d'accueil des étudiants est en pleine croissance contrairement aux créations de postes" etc...
Il y a deux ans, déjà, les étudiants manceaux s'étaient mobilisés pour dénoncer le manque de moyens.
A Nantes, dit-on, certains étudiants ont failli être transférés au Mans, faute de place sur le campus du Petit Port.
Une situation que confirme Stéphane Bellard, le doyen de l'UFR STAPS, tout y en apportant des nuances. Selon lui, les problèmes d'accueil en amphi de première année n'étaient que ponctuels et dus, parfois, à la mauvaise lecture par certains étudiants de leur emploi du temps.
Le doyen de l'UFR STAPS solidaire avec ce mouvement
Mais il reconnaît néanmoins qu'en matière d'équipement, sa filière qui ne dispose que d'un seul gymnase en propre (pour 1700 étudiants), doit aussi emprunter les autres installations du campus (qui servent pour tous les autres étudiants de l'université), et celles que Nantes Métropole met à sa disposition.
"Je suis solidaire avec ce mouvement" tient à affirmer Stéphane Bellard qui reconnaît que STAPS Nantes n'est pas la plus à plaindre. "C'est un mouvement national, dit-il, les étudiants nantais veulent y participer, c'est très bien." Mais cet enseignant chercheur dénonce aussi le manque de moyens dans son équipe.
Des enseignants occupés sur d'autres missions mais non remplacés
"Au niveau national, explique-t-il, c'est un taux de 1 enseignant pour 17 étudiants alors qu'à notre niveau ce serait plutôt 1 pour 32. Et ce n'est pas vraiment le cas car certains enseignants chercheurs ont une décharge (lui-même en a une pour assurer la direction de STAPS). Quand on cumule ces décharges et les disponibilités, on arrive à un taux de 1 (enseignant) pour 40 (étudiants)."
S'il estime que l'Université de Nantes accompagne bien sa filière STAPS, il pointe du doigt en revanche l'attitude de son ministère qui n'a pas pris les mesures nécessaires. Le nombre d'étudiants dans cette filière, nous explique-t-il a doublé en 10 ans. Pas les moyens.
"A Nantes, on est arrivé au bout du bout de nos capacités d'accueil" constate le doyen de la filière STAPS.
Une crise de croissance donc. Mais les sportifs vous le diront, on ne court ni vite ni loin quand la chaussure est trop petite.