Avec 100 mm d'eau tombée en moyenne sur le département pour le seul mois de février, les terres agricoles sarthoises sont saturées d'eau. Malgré le retour du beau temps, l'humidité des sols continue de perturber le travail des agriculteurs.
"Elles sont impatientes de sortir ! ", se réjouit Olivier Lebert. Elles, ce sont les 80 vaches normandes de l'éleveur sarthois. Dans sa ferme de Villaines-sous-Lucé, au sud du Mans, celui qui est aussi président de la chambre d'agriculture de la Sarthe, a dû laisser son cheptel tout l'hiver dans l'étable, faute d'une météo suffisamment clémente.
"Pour nous, c'est un hiver interminable, avec des animaux qui sont restés très longtemps en bâtiment, et qui y sont rentrés très tôt, puisque l'humidité a démarré dès l'automne ", raconte Olivier Lebert. "Aujourd'hui, on les met dehors avec un mois de retard, donc ça signifie qu'on a mangé beaucoup de stock et qu'on a pris beaucoup de retard aussi sur la récolte de l'herbe et des tours de pâturage."
En les laissant pâturer en période humide, certes elles pâturent, mais elles abîment le sol avec leurs pattes. Elles font des trous : c'est inconfortable pour elles et elles nous abîment la prairie.
Olivier LebertPrésident de la chambre d'agriculture de la Sarthe
Derrière l'agriculteur, des tas de lisiers s'amoncellent. Là encore, la météo a empêché l'éleveur d'épandre sur ses prairies et sur ses champs. La boue empêchant toute manœuvre avec des engins agricoles sur ces sols détrempés. C'est pour cette même raison qu'à quelques kilomètres de là, dans la ferme avicole voisine de Jean-Marie Verdier, les tracteurs sont restés au hangar tout l'hiver.
Après la récolte de maïs en octobre dernier, certaines de ses parcelles auraient dû accueillir à défaut un couvert végétal (réglementaire en cas de non-culture) ou bien du blé : finalement rien n'a été rendu possible, les ornières à l'entrée du champ témoignent encore de l'impraticabilité du terrain.
"Là, ce sont des parcelles qui ont du potentiel, surtout en maïs ", explique Jean-Marie Verdier. " Donc, ce n'était pas la peine d'engager des frais... Aujourd'hui, si on avait mis du blé, il aurait tout juste été bon à jeter pour replanter du maïs."
L'agriculteur n'a pas pu, non plus, semer d'orge d'hiver, pour enchaîner avec du colza. Il va devoir se résoudre à massifier ses plantations de maïs, au détriment des autres cultures. Des points en moins pour décrocher les aides européennes de la PAC, qui prônent la rotation des cultures sur les parcelles.
Dans l'idéal, il nous faudrait trois semaines de beau temps et une journée de pluie au bout, juste 15 mm, et après ce serait le retour du beau temps.
Jean-Marie VerdierAgriculteur
Jean-Marie Verdier confie : "Ça va être compliqué, notamment pour le matériel qui est souvent partagé en coopérative (les Cuma, NDLR). Quand il fait beau, il fait beau chez tout le monde. On va tous être à la même enseigne."
En clair, les agriculteurs ont une courte fenêtre météorologique dans laquelle il faut épandre le lisier ou le fumier, préparer les sols après l'épandage de ces engrais naturels, et planter les semis des cultures d'été. Autant dire que ces prochains jours vont voir le retour des tracteurs sur les routes... Et dans les champs !