"Agenda Rural" : 173 mesures en faveur des communes rurales. Un maire de la Sarthe a travaillé sur ce programme

Trop souvent laissées pour compte, les communes rurales font enfin parler d'elles. L'association des maires ruraux de France (AMRF), dont le vice-président, Dominique Dhumeaux, est maire de Fercé-sur-Sarthe, a travaillé pendant des semaines à la proposition de 200 mesures.

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Au final, 173 d'entre-elles ont été acceptées et devraient bientôt être appliquées.

"Ce gouvernement a semble-t-il vraiment pris conscience des difficultés des communes rurales. Auparavant les gouvernements successifs ont mis le paquet sur les banlieues, surtout après 2005, puis sur les grandes métropoles, mais ils ont toujours eu tendance à taper sur la ruralité parce qu'il s'agissait d'un milieu isolé où les gens n'avaient pas la capacité de se mobiliser. Il fallait vraiment à tout prix trouver des solutions et corriger le tir. A travers les garanties qu'on a eu des différents ministres qui nous ont rencontrés lors de notre congrès, on peut imaginer que les choses vont vraiment se faire", s'est félicité Dominique Dhumeaux.


Selon Matignon, ce serait "la première fois qu'on a un plan aussi large pour les territoires ruraux". Le 20 septembre dernier, Edouard Philippe assurait vouloir "redonner des choix, de la liberté, des services" aux habitants de ces territoires. Au programme de cet "agenda rural", tous les domaines ont été abordés. L'attractivité d'abord.

Cafés et commerces

L'Etat devrait bientôt remettre en circulation des licences IV, qui permettent aux commerces la vente d'alcool. Jusqu'à présent, leur nombre était limité, et faute de moyens, les communes se retrouvaient souvent dans l'obligation de les revendre à des villes plus importantes ou côtières.   Ces "licences de revitalisation", selon les mots du Premier ministre, ne seront pas transférables d'une intercommunalité à l'autre, et permettront aux communes de conserver leurs restaurants et cafés, lieux de convivialité.
 

A Joué-L'Abbé, dans l'épicerie-restaurant "Chez Nono", c'est Betty Evenisse et son époux qui sont aux commandes. Arrivés dans la commune en février 2018, ils n'en étaient pas à leur première expérience de café rural. Celui-ci, après une liquidation judiciaire, était resté fermé un an avant qu'ils ne reprennent les rênes. "C'est important dans un village, d'avoir un commerce de proximité, de venir boire le café, d'avoir à disposition du pain, du lait, des poulets rôtis". Un lieu de vie dans la commune de 1300 habitants qui ne permet pourtant pas encore au couple et à ses sept enfants de se verser de salaire.

"On habite dans un appartement au-dessus, le loyer est bas, mais on ne se verse rien comme salaire. Pour s'en sortir il faut innover, lancer des thèmes. Des soirées pizzas ou plats thailandais par exemple. Ou même se diversifier. Depuis peu on fournit une société en tant que traiteur, ça va nous sauver"

Pour permettre à ce genre de lieux de convivialité de subsister, 1000 nouveaux cafés devraient également voir le jour grâce à l'initiative du groupe d'économie sociale et solidaire SOS, qui vient de lancer un appel à projet.
Quant aux petits commerces situés dans les communes de moins de 3 500 habitants, ils pourront, dès 2020 et avec l’accord des communes concernées, bénéficier d’exonérations fiscales dès 2020.

Jeunesse et numérique

Trop souvent exclues des avancées numériques, les communes rurales devraient voir les zones blanches se résorber petit à petit, via un déploiement de la 4G, d'ici 2020, sur tous les pylônes existants. Un pas en avant qui devrait également permettre aux jeunes bacheliers habitant en zones rurales de poursuivre leurs études supérieures à distance grâce au lancement de 33 campus connectés.

Autres mesures phares : celles qui concernent la jeunesse. Dès 2020 sera déployée en priorité dans les territoires ruraux "La Boussole des jeunes", déjà expérimentée en Champagne ou dans l'Essonne. Ce service numérique d’information destiné aux jeunes de 16 à 30 ans permet de s'informer dans les domaines de l’emploi, de la formation, des transports ou du logement.

Santé

Pour palier le manque de médecins, les étudiants en 3ème année d'internat de médecine devront effectuer leur année de stage dans les zones sous-dotées, rurales ou pas. Une mesure qui permettrait de gagner 3000 postes de médecins là où le manque se fait le plus ressentir. A la Suze-sur-Sarthe, commune de 4500 habitants, ils ne sont plus que 3 médecins généralistes. A la fin de l'année, l'un d'entre eux devra partir à la retraite. Pour le Dr Jean Azzam, en poste ici depuis 32 ans, la situation n'est plus tenable. "Je travaille 10 à 12h par jour, sans pause déjeûner. 60h par semaine. On ne peut pas continuer comme ça".
 

Quant aux médecins salariés par l'Etat dans le cadre de la stratégie "Ma Santé 2022", leur nombre devrait passer de 400 à 600.
Enfin, 300 maisons "France Services" devraient etre déployées, dont 70% dans les zones rurales, soit au moins une par canton.

"Un début d'éclaircie pour les campagnes françaises" selon la formule de la FNSEA, qui espère désormais que ces annonces se concrétisent rapidement "pour améliorer véritablement la vie quotidienne des habitants".
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