Une vaste opération a mobilisé gendarmes et policiers pour interpeller les émetteurs de mails frauduleux contenant de fausses convocations judiciaires pour des faits de pédopornographie. Plusieurs personnes ont été arrêtées au Mans et à Nantes.
Pas moins de 19 personnes ont été arrêtées en France et en Belgique pour des faits de cybercriminalité, selon une annonce des forces de l'ordre ce vendredi.
Soupçonnés d'escroquerie à la fausse convocation judiciaire, les individus ont été interpellés en Ile-de-France, à Nantes, au Mans, à Toulouse, à Sens (Yonne), à Orléans et à Nice, et une en Belgique pour un préjudice évalué à au moins 3,5 millions d'euros.
À l'issue de leur garde à vue, 15 individus ont été convoqués devant le tribunal correctionnel pour être jugés pour accès et maintien dans un système de données, escroquerie et blanchiment d'escroquerie en bande organisée, a indiqué le parquet de Paris. La date de l'audience n'est pas encore connue.
Des "amendes" illégales
L'escroquerie à la fausse convocation judiciaire consiste à envoyer, au nom de responsables de la gendarmerie ou de la police, de magistrats ou d'institutions comme Europol, des courriels à des personnes indéterminées en les accusant notamment de pédopornographie via la consultation de sites internet illégaux.
Les victimes sont menacées de poursuites judiciaires sauf si elles paient une "amende". "Les arnaqueurs ont usurpé les noms de plusieurs hauts gradés de l’armée, ils envoient ensuite une fausse convocation au hasard des boites mails. Le plus souvent, ils réclament une cinquantaine d’euros pour que ce mail ne soit pas divulgué aux membres de la famille, aux journalistes ou diffusé sur les réseaux sociaux", expliquait la gendarmerie du Maine-et-Loire lors d'une campagne de prévention.
Suicides potentiellement liés à l'arnaque
Début 2021, une campagne d'hameçonnage (ou phishing) a inondé tout le territoire et conduit la section spécialisée dans la cybercriminalité du parquet de Paris à ouvrir une enquête.
Ces investigations ont été confiées aux policiers de l'Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC), aux gendarmes de la section des recherches (SR) de Versailles, à ceux du Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (COMCyberGEND), et à la Brigade de recherches de Nice, avec l'appui de l'agence européenne de police Europol.
En juin 2022, la plateforme de signalement Pharos comptait 150 000 signalements ayant trait à cette escroquerie. Près de 400 personnes ont déposé plainte. "Les sommes versées par les victimes vont de moins de 5 000 euros à 150 000, voire 200 000 euros", a précisé à l'Agence France Presse le colonel Thomas Andreu de la SR de Versailles, en relevant que six personnes se sont donné la mort "potentiellement en lien avec cette escroquerie".
Les enquêteurs ont établi que l'argent escroqué était dépensé en France, mais plus généralement envoyé en Côte d'Ivoire et dans d'autres pays africains.
Que faire en cas de réception d'un mail frauduleux
Les personnes destinataires de documents douteux les accusant de cybercriminalité ou de pédopornographie disposent de plusieurs recours préconisés par la gendarmerie.
Tout mail émanant de la Gendarmerie nationale se termine par @gendarmerie.interieur.gouv.fr. Un moyen de déjouer les escrocs est de vérifier que toutes les lettres sont à la bonne place, car la subtilité se cache parfois dans la légère modification d'un mot qui peut passer inaperçu.
Les brigades de gendarmerie peuvent aussi recevoir les personnes concernées pour toutes questions concernant ces documents frauduleux, ou pour recueillir des plaintes si des paiements ont déjà été engagés.
Un site internet mis en place par la Gendarmerie permet également de se renseigner pour savoir identifier ces courriels factices et illégaux.
Avec Agence France Presse