Les hommages et les manifestations de soutien se multiplient depuis ce vendredi dans la région. Après l'attaque terroriste dans un lycée d'Arras qui a fait une victime, le professeur de lettres Dominique Bernard, l'émotion est vive dans la communauté enseignante. Ce meurtre intervient presque trois ans après celui de Samuel Paty qui avait déjà fortement secoué l'opinion publique.
Alors que la France vient de basculer en alerte "urgence attentat", stade ultime du dispositif Vigipirate, les manifestations de soutien sont nombreuses en Pays de la Loire.
À Nantes, un rassemblement était prévu ce samedi matin à 11 h 30 devant le monument aux 50 otages. Ils étaient entre 200 et 300 personnes.
Un rassemblement à l’appel de l’intersyndicale qui a pris la parole brièvement pour dire sa présence en hommage au décès de Dominique Bernard. A suivi une minute de silence puis des applaudissements.
"On a jugé nécessaire de rendre hommage à notre collègue assassiné, a estimé Bernard Valin, co-secrétaire départemental FSU44, pour soutenir aussi nos deux collègues blessés grièvement"
On dit souvent qu'on exerce le plus beau métier du monde, en trois ans, on est rendu à deux assassinats
Bernard ValinCo-secrétaire départemental FSU44
Dans l’assemblée ce samedi matin à Nantes des professeurs, jeunes et moins jeunes.
Parmi eux, Anne Texier. Cette enseignante de collège déjà présente il y a trois ans lors du rassemblement en hommage à Samuel Paty. Elle est là avec ses filles. Très émue, elle veut rappeler l’espoir qu’elle garde encore et la volonté d’apprendre l’esprit critique aux élèves "parce que c’est ça l’école de la république".
"C'est un métier qui a un sens, explique l'enseignante, on y croit et là, c'est toute la profession qui est touchée"
Au Mans, plusieurs syndicats enseignants, dont la FSU, appelaient à un rassemblement à midi devant les grilles de la préfecture de la Sarthe.
Ils étaient environ 300 personnes à se réunir sur le parvis de la préfecture. Très ému, un assistant d'éducation en école élémentaire confie, "il faut que ça s'arrête, j'ai entendu ça hier à la radio, j'étais tétanisé, sidéré, d'entendre ça. Je préparais une activité d'animation, je n'ai pas pu me concentrer".
Ça me fait peur pour moi, pour mon entourage, pour les enfants aussi
Un assistant d'éducationRassemblement en hommage à Dominique Bernard, le 14 octobre 2023
"On a besoin d'être ensemble, face à ce qui se passe, face à la violence et à l'effroi que ça suscite", explique Julien Christofoli, co-secrétaire du SNUIPP-FSU 72.
À Laval, c'est un communiqué intersyndical qui appelait les Mayennais à se rassembler à 11 h 30 sur le parvis des Droits de l'Homme.
"Rendre nos lycées plus sûrs"
Les premières réactions politiques ne se sont pas fait attendre : la condamnation de l'attentat est unanime, mais le débat a bel et bien commencé.
Dans un communiqué envoyé ce vendredi 13 octobre, les élus représentant la majorité présidentielle au sein du conseil régional des Pays de la Loire demandent à la présidente de région Christelle Morançais de " faire rapidement un point d’ensemble sur les mesures de protection des élèves et personnels qui sont d’ores et déjà mises en place dans et aux abords des lycées de la région, et quelles propositions complémentaires peuvent être mises en œuvre pour rendre nos lycées plus sûrs."
Invitée ce samedi chez nos confrères de France Inter, la secrétaire générale du Snes-FSU Sophie Vénétitay a affirmé qu’il "faut que dans nos établissements, on ait une forme de sérénité pour pouvoir faire notre travail d'enseignant".
La syndicaliste, qui a participé à une réunion de crise vendredi soir avec le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, indique que le gouvernement a prévu de déployer près d’un millier de personnels de sécurité dans les établissements scolaires dès lundi.
Il faudra très certainement se poser les questions, le moment venu, du rôle de la police et de la justice dans la protection des établissements scolaires
Sophie VénétitaySecrétaire générale du Snes-FSU
L'Élysée a annoncé le déploiement de 7 000 soldats de la force Sentinelle dès ce samedi aux abords des établissements scolaires. De son côté, le président de la République Emmanuel Macron a appelé les Français à rester unis face à la barbarie du terrorisme.
Une minute de silence sera respectée dans les établissements scolaires de France lundi à 14 h.
La journée de classe dans les collèges et lycées ne commencera qu'à 10 h pour permettre aux enseignants et au personnel de "préparer la reprise des cours", a indiqué le ministre de l'Éducation Gabriel Attal, ce samedi 14 octobre.
L’Association des maires de France appelle également les élus à organiser dans leur commune une minute de silence ce lundi 16 octobre.