Un lanceur d'alerte spécialisé dans les ventes illégales d'objets liés à la période nazie a dénoncé une vente aux enchères ayant eu lieu au Mans ce samedi et proposant casques, dagues et autres objets de l'armée allemande.
L'homme qui nous signalé cette vente se présente comme étant lui-même un collectionneur, mais plutôt de faïences. Sauf que cet habitué des salles des ventes est également un chasseur de ventes illégales.
Axel, comme il se fait appeler, a signalé à plusieurs reprises des ventes d'objets liés au nazisme et fait ainsi annuler plusieurs ventes avec l'appui du CRIF, le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France.
Selon Axel, il y a régulièrement des ventes d'objets de ce type en France. Ce que nous confirme Maître David-Olivier Kaminski, qui a eu à défendre les intérêts du CRIF.
"Ces ventes se sont un peu estompées, nous a-t-il dit, mais c'est hallucinant qu'on puisse vendre des objets nazis en France alors que c'est interdit en Allemagne."
Prévenu trop tardivement par "Axel", Maître Kaminski n'a pas pu s'opposer à cette vente mancelle. Mais il envisage d'alerter le parquet sarthois. Cet avocat fonde sa démarche sur divers articles de loi dont le R 645-1 qui édicte que :
"Est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 5e classe le fait, sauf pour les besoins d'un film, d'un spectacle ou d'une exposition comportant une évocation historique, de porter ou d'exhiber en public un uniforme, un insigne ou un emblème rappelant les uniformes, les insignes ou les emblèmes qui ont été portés ou exhibés soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle "
Or, plusieurs lots proposés à la vente ce samedi ont été préalablement montrés sur le site internet annonçant cette vente aux enchères.
"C'est un vecteur pour attiser la haine"
"Je suis collectionneur, explique Axel, et comme tout bon chineur, je vais sur internet et je fais toutes le ventes. Parfois, je tombe sur une vente Militaria"
C'est ce qui s'est passé ce samedi. Axel y a vu, dit-il, une dizaine de lots suspects, notamment des casques de la Wehrmacht, un ceinturon de la Luftwaffe et une dague d'officier allemand avec la mention "L'aigle a été dénazifié" signalant, comme on peut le penser, que la croix gammée a été enlevée.
Selon lui, des commissaires-priseurs peu scrupuleux n'hésitent pas à intégrer dans des ventes de matériel militaire ce type d'objet qui trouvent toujours acheteur.
"C'est un des vecteurs supplémentaires pour attiser la haine en France" regrette Maître Kaminski.
Contacté par téléphone, Maître Julien Thomas, le commissaire-priseur qui a organisé cette vente, estime pour sa part qu'il n'était pas dans l'illégalité puisqu'aucun des objets proposés à la vente ne portait selon lui de symbole nazi.