Jusqu'à 8 ans de prison pour des trafiquants de cocaïne guyanais au Mans

Toute la semaine, 15 personnes d'origine guyanaise et surinamaise étaient jugées pour acquisition, transport et détention de cocaïne. À la fois des "mules", des revendeurs et de simples chauffeurs. Le procureur avait réclamé des peines très lourdes, au-delà des standards dans ce type de dossier.

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On le présente comme le procès d’une filière guyanaise trafiquante de cocaïne. Plus qu’un réseau, il faut plutôt y voir des liens familiaux et une organisation amatrice selon plusieurs avocats de la défense. Pendant des mois, plusieurs revendeurs présumés de cocaïne ont passé des appels et envoyé des messages sur des messageries qui n’étaient pas cryptées.

Le même refrain

Les premiers jours d’audience se suivent et se ressemblent. « Je ne reconnais rien », « je ne comprends pas ce que je fais dans ce dossier », « je ne connais pas ces gens autour de moi ». Les prises de parole des « mules », des chauffeurs et des revendeurs présumés de cocaïne témoignent de la pression qu’ils ou elles subissent aussi bien dans le box des accusés qu’à l’extérieur. Une prévenue a déclaré préférer aller en prison en ayant rien fait plutôt que de mettre en danger ses proches. Certains des accusés ont quand même reconnu leur implication mais parmi les acteurs principaux, personne ne veut endosser le rôle de tête de réseau.

Jusqu’à 12 ans de prison ferme demandés

Après plus de deux heures de réquisitoire, mercredi, le procureur de la République a réclamé des peines allant de 15 mois à 12 ans de prison ferme. Pour la plupart, des peines de 4 ou 6 ans. Une sévérité qui ne passe pas pour les avocats de la défense. « Vous n’avez pas à en faire des symboles, des exemples », s’exclame Maître Heriveaux.

Au terme d’une plaidoirie d’une grande éloquence, Maître Sevi Kasy, du barreau de Créteil, voit quand même des améliorations : « Avant, à Créteil, près d’Orly où arrivent de nombreuses mules, une rumeur laissait dire qu’un kilo saisi, c’était 1 an d’emprisonnement. Ce temps est fini, on entend davantage la situation précaire de ces personnes nées dans la drogue et qui ne se rendent pas compte des risques encourus. »

Les motivations des « mules » sont à l’évidence financière. Mais ce n'est même pas pour leur propre profit, elles reversent tout leur argent par des virements, quand on ne vient pas le leur réclamer directement.

Maître Jonathan Proust, avocat au barreau du Mans

Un autre conseil s’étonne de la sévérité des peines. « Il suffit d’avoir partagé un trajet avec quelqu’un dont on ne connaissait pas forcément le but pour prendre 4 ou 6 ans, déplore-t-il. J’entends que parfois c’est troublant dans certaines conversations où on parle de quantité mais on oublie l’aspect culturel de cette communauté, ils se rassemblaient pour cuisiner et là sur 5 000 conversations, on a retenu quelques passages sans garder le contexte et où parfois on parlait tout simplement de nourriture. »

Ce vendredi 24 novembre, le tribunal correctionnel du Mans n'a pas suivi les réquisitions du ministère public. Il a condamné les différents prévenus à des peines allant de 18 mois (dont 6 de sursis) à 8 ans de prison ferme pour les personnages clés du dossier. La plupart des protagonistes a été condamné à 4 ans de prison ferme, pour lesquels l'ensemble des chefs d'accusation ont été retenus : acquisition, transport, détention et offre de stupéfiants. Après avoir fondu en larmes, une jeune femme à qui on a expliqué sa peine avec du sursis probatoire s'est exprimé à la barre : "C'est beaucoup 3 ans." Avant de remercier la présidente. Elle a pu enlacer ses proches en sortant de la salle avant de prendre le chemin de la prison.

Maître Gwendoline Heriveaux, le conseil de Lisette, la tête présumée du réseau, estime que le tribunal a voulu faire un exemple, un symbole par des peines sévères mais l'avocate mancelle reste satisfaite : "Passer de 12 à 8 ans de prison ferme, 4 ans de moins; c'est rare !"

Dans ce dossier, un seizième accusé a été condamné à 9 années de prison ferme avec mandat d'arrêt. Car l'homme est toujours en fuite et, de l'avis de certains avocats de la défense, déjà reparti au Suriname, son pays d'origine.

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