Sarthe : une association d'écologistes veut sauver les chênes bicentenaires de la forêt de Bercé

Une association de préservation de l'environnement s'inquiète de l'abattage des arbres dans la forêt domaniale de Bercé, dans le sud de la Sarthe. Certaines parcelles exploitées présentent des essences remarquables par leur hauteur et leur âge.

Silencieux, ils ont connu les guerres et les révolutions. Dans la forêt domaniale (appartenant à l'État) de Bercé, dans le sud de la Sarthe, des chênes et des hêtres ont été plantés il y a plus de 200 ans, sous le règne de Louis XIV. 

Aujourd’hui, sujet à un abattage régulier, l’association Patrimoine Environnement, Loire-Lucé-Bercé, souhaite les préserver et freiner ces coupes, selon elle, plus financières qu’environnementales. 

En effet, sur cette parcelle de l'Hermitière, près de 120 hectares sont sous l'égide de l'ONF, l'Office national des forêts, qui a la charge d'en exploiter les ressources. Le chêne sessile produit un bois d’une qualité mondialement reconnue. "C’est des milliers d’euros qu’il y a ici" prévient Thierry Pradier, Président de l’association Patrimoine Environnement, Loire-Lucé-Bercé. Selon lui, chaque arbre vaut au minimum 10 000 euros. Pour l'association écologique, l'ONF serait en train d’accélérer l’abattage de ces géants, ce dont il se défend.

"Dès 2016, devant la nécessité d’entamer le renouvellement des peuplements anciens installés dans ce vallon (leur âge oscille essentiellement entre 180 et 210 ans), naturalistes et forestiers se sont associés afin de définir ensemble les modalités de travail garantissant au mieux la capacité de conserver le capital génétique des arbres en place, tout en assurant la permanence des continuités écologiques, nécessaire au maintien en bon état de conservation de la faune et la flore présentes localement. C’est ainsi qu’une gestion très particulière, en « parquets » de surface unitaire faible (2 ha chacun environ) a été validée de façon concertée avec les naturalistes locaux (SNE, SCIRPE, CPIE notamment), associés aux études de terrain, à la caractérisation du site et de son fonctionnement, et enfin aux décisions de gestion".

51 parquets ont ainsi été identifiés sur l’ensemble du Vallon, "dont la surface est de 117,8 ha. Chacun d’eux bénéficiera d’une gestion différenciée, et des récoltes de bois y seront conduites "à la carte", précise l'ONF, chaque parquet fera l’objet de coupes dites progressives : l’ensemble des arbres adultes qui le composent sera remplacé par des semis une douzaine d’années après le début de la récolte seulement".
 

Les plus hauts d’Europe

Ces arbres sarthois représentent un véritable patrimoine estiment les écologistes. En plus de leur âge impressionnant, ces spécimens se démarquent par leur taille. En plein milieu de la forêt de Bercé, les variétés de chênes sessiles les plus petits peuvent dépassent les 41 mètres. D'autres se dressent jusqu'à 49 mètres vers le ciel. Ce qui fait d’eux les chênes bicentenaires les plus hauts d’Europe. 

"Seriez-vous d'accord pour vendre la cathédrale de Reims ou de Bourges, voire Notre-Dame de Paris afin de construire des immeubles de standing ?" pointe l'association dans une pétition en ligne.

Thierry Pradier propose de les sanctuariser, à l’exemple de la futaie Colbert à Tronçais, en Auvergne, aujourd’hui déconseillée au public car trop dangereuse.

"Ils ont sanctuarisé une parcelle un peu plus petite qu’ici, avec des arbres de 200 ans, qui atteignent au maximum 42 mètres de haut et 3,20 mètres de circonférence" explique l'écologiste. Mais, il note une différence importante entre les deux bouts de forêt : "Ici, les arbres sont plus hauts, plus gros, plus beaux." 

"Plusieurs rencontres ont été organisées avec M. Pradier, qui préfère la polémique au dialogue, précise l'ONF, ce dernier annonce une « privatisation des forêts » lors de ces appels à mobilisation – notamment dans sa pétition. Il est donc essentiel de rappeler que l’ONF n’est pas propriétaire des forêts qu’il gère : il en est le gestionnaire pour le compte de l’État (forêts domaniales) et pour le compte des collectivités. Les forêts domaniales sont protégées par un corpus législatif très précis qui les rend inaliénables, c’està-dire non cessibles. Aucune privatisation des forêts domaniales n’est envisageable par l’État."


Forêt d'Exception

La forêt de Bercé s'étend au sud du département de la Sarthe sur 5 400 ha, avec une faune aussi riche que la flore et fait partie des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique.

Objet de recherches scientifiques, de ressources économiques et bien sûr, lieu de promenade, le territoire a été labellisé "Forêt d'Exception" en mars 2017. Elle est la 7e de France à obtenir.

La source de l'Hermitière, est à l'une des entrées de la forêt de Bercé, en venant de Saint-Vincent-du-Lorouër. Située en fond de vallon, elle est ouverte au public.


► Le reportage de notre rédaction 
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