Et si on s’offrait une virée au vert, à la découverte du marais poitevin ou plutôt des trois différents paysages qu’il offre sur notre territoire. Depuis Maillezais au pied de l’abbaye, il nous entraine jusqu’à l’océan en passant par les prairies collectives où séjournent les troupeaux de bovins.
La Vendée partage le marais poitevin avec les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime. Celui qu’on appelle la Venise Verte à l‘est de la ville de Niort s’étend sur 100000 hectares jusqu’à la Baie de l’aiguillon côté littoral, chez nous en Vendée. Le marais est la deuxième zone humide de France par la taille après la Camargue.
Dans notre région le marais présente trois visages, une partie desséchée donc protégée des inondations et des marées par des systèmes hydrauliques créés par l’homme, une large zone de prairies et enfin plein ouest la côte vendéenne et l’océan.
La Venise verte, image carte postale du marais
Mais honneur à l’image la plus connue du marais, sa partie mouillée, à quelques kilomètres de Niort. C’est la partie la plus inondable avec ses innombrables canaux qui s’étend sur 30 000 hectares. Si vous avez la chance de faire une balade en plate, autrefois utilisée pour le transport des animaux, vous découvrirez la végétation impressionnante du marais constituée de frênes têtards, de saules et d’aulnes mais aussi de différentes espèces d’animaux ( loutres, oiseaux, ou encore des ragondins, etc…) sans oublier le hibou des marais, une espère vulnérable inscrit sur la liste rouge des oiseaux menacés (la moitié de la population d’ Asio flammeux en France réside dans le marais). Le parc naturel régional du Marais poitevin suit et protège ses animaux contre la dégradation de leur habitat
Maillé : Entre marais mouillé et desséché.
Après cette balade où l’on en prend plein les yeux, vous quitterez le marais mouillé pour rejoindre à l’ouest le très joli petit village de Maillé. On est là justement entre marais mouillé et desséché. Avec son petit port et son aqueduc situés au confluent de la Sèvre niortaise et des deux Autises, Maillé est un bon spot pour comprendre la géographie et l’histoire du marais car ce village possède un aqueduc assez particulier, il est souterrain.
Construit au XVIIe siècle il permet à deux canaux – celui de Vix et celui de la jeune Autize - de se croiser sans que leurs eaux ne se mélangent, ceci afin de séparer les eaux du marais desséché de celles du marais mouillé. En période de crues, il évide les inondations dans le marais desséché : la masse des énergies hydrauliques et l'importance du volume des eaux s'y trouvent savamment maîtrisées.
La construction de ce pont-aqueduc date de 1654 à 1662 et fait preuve d'une grande prouesse technique. Il permet le croisement l'un au-dessus de l'autre de deux cours d'eau, isolés grâce à un tunnel immergé. Au XIIème siècle, il servait au transport et au commerce de sel, qui faisait de Maillé un village actif et riche. Il a été récemment rénové, ainsi que les écluses, et si les portes en bois n’existent plus, il a gardé son principe de fonctionnement et son utilité. Maillé a encore les traces de son organisation d’alors.
Les petits ports communs aux habitants d’une ruelle, « les cales », donnaient sur les conches, et permettaient aux agriculteurs d’aller dans les champs, reliés uniquement par canaux, pour y faire pousser des légumes (dont les fameuses mogettes, ou « mojhettes »), d’aller chercher le foin et la paille pour l’hivernage des vaches Maraîchines. Ces petites vaches étaient amenées en barque, « en plates », pour paître une herbe grasse produite dans les prairies entourées de frênes têtards. Chaque ferme était alors reliée par le port vers les riches Marais et par la route vers les marchés. Plus recemment, une passe pour tous poissons a été rajoutée.
A la rencontre des troupeaux sur les prairies collectives de Lairoux
Retour à la nouvelle partie mouillée du marais, à Lairoux pour découvrir des « communaux ». Il s’agit de prairies collectives qui appartiennent à des mairies sur lesquelles des éleveurs de vaches ou de chevaux laissent paître leurs animaux. Trois fois par semaines, vous pourrez peut-être croiser alexandra. A cheval, elle sillonne le marais à la rencontre des animaux. Son travail d’éco pasteur est de vérifier le bon état des clôtures et la bonne santé des animaux.
Les animaux la connaissent, et la présence du cheval facilite leur docilité. Parfois, certains boîtent, ils se sont pris les sabots dans des clôtures ou se sont battus entre eux, d’autres ont de petits bobos, le plus souvent au pied. Dans ce cas, c’est prise de note et coup de fil à l’éleveur pour décider de la conduite à tenir. Pour les reconnaître, les vaches ont toutes des boucles colorées, chaque couleur appartenant à un éleveur différent. Pour les chevaux, c’est plus compliqué. Ils n’ont ni boucle, ni tatouage, c’est à Alexandra de savoir les identifier.
Maintenant ça va parce que ça fait quatre années que je les vois mais au début, il fallait que je consulte les photos que m’avaient données les éleveurs
Au début de la saison, en avril, il y a plus de 400 vaches et chevaux ici. Mais à la fin de l’été, l’herbe se fait plus rare et les éleveurs commencent à rapatrier leur bétail. A l’automne, les prairies se gorgeront d’eau. Les animaux seront à l’abri et les chevauchées d’Alexandra cesseront.
Vous serez d’accord que cette surveillance pastorale est bien plus écolo que le 4 x 4 et plus rapide aussi : tout le monde y gagne !
Ce métier rare permet à Alexandra de profiter de ces paysages de prairies naturelles humides qui s’étendent sur 245 hectares et qui font partie intégrante du paysage du marais mouillé/pré-salé puisque nous arriverons bientôt à l’océan.
La baie de l'Aiguillon sur Mer marque la fin du marais poitevin
Oui, car pour terminer en beauté, il faut reprendre la route vers l’ouest jusqu’à la mer, qui marque la fin du marais poitevin côté vendéen. Elle se trouve dans la baie de l’aiguillon où s’affairent régulièrement une équipe autant scientifique que poétique, ce sont les observateurs et compteurs d’oiseaux de la LPO, Ligue de Protection des Oiseaux.
A l’automne chaque jour, ils se relaient pour observer un curieux ballet dans le ciel. A cette saison, le littoral vendéen et cette pointe de sable notamment, devient un endroit privilégié pour comptabiliser linottes, pipits et autres chardonnerets.
Durant leur migration, les oiseaux ont besoin du littoral pour se repérer durant leur long voyage. Alors que certains descendent d’Europe du Nord pour trouver un peu de chaleur en France dans le Marais Poitevin, d’autres espèces plus frileuses quittent nos terres pour rejoindre l’Afrique du Nord. En tout cas, à cette saison la Pointe de l’Aiguillon prend des airs d’autoroute des vacances ! Les salariés et bénévoles de la LPO mènent ce suivi des migrations depuis 1993, une source très précieuse pour mesurer les populations et évaluer les effectifs au fil des ans. Ils sont équipés de jumelles de longues vues. Pour réaliser ce suivi, il faut observer mais aussi tendre l’oreille ! Car les oiseaux qui migrent émettent des cris spécifiques et c’est une bonne manière de les compter.
Allez, on prend la route pour la Vendée !
Pour voir et en apprendre plus sur le marais poitevin, regardez Envie Dehors ce dimanche 20 février à 12 H 55 sur France 3 Pays de la Loire et sur nos autres écrans pdl.france3.fr et francetv.fr
Magazine Envie Dehors
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