L'affaire avait éclaté en 2021 après le décès d'une femme de 44 ans qui avait suivi un stage de jeûne hydrique. Depuis l'ouverture de cette enquête, d'autres victimes ont été identifiées. Un naturopathe a été mis en examen. Il est basé à Saint-Julien-des-Landes, en Vendée.
Sur sa chaîne Youtube, Eric Gandon explique qu'il est naturopathe et accompagne au jeûne depuis 2012. Il aurait acquis la conviction que les maladies dont il souffrait lui-même étaient dues à une mauvaise alimentation.
Il aurait ainsi soigné par le jeûne ses migraines, ses mycoses, sa mauvaise haleine, des problèmes de sommeil...
"Un jour, en découvrant le jeûne, ma santé s'est radicalement améliorée" affirme-t-il.
Au bout de trois minutes, la vidéo dérive sur une déclaration hallucinante : lors d'un stage, Eric Gandon aurait découvert qu'il est possible de ne plus se nourrir de nourritures physiques mais de... lumière.
"On a jeûné pendant plus de 21 jours"
L'homme avoue ne pas y être parvenu mais est revenu de cette expérience convaincu du bienfait de longs jeûnes. "On a jeûné pendant plus de 21 jours" dit-il.
C'est suite à cette expérience, raconte Eric Gandon, qu'il a décidé de "mettre en place quelque chose pour accompagner au jeûne".
L'homme dit également s'être beaucoup intéressé à la naturopathie mais n'évoque aucune formation reconnue ni aucun diplôme. Il parle aussi d'ésotérisme, de numérologie.
"Ces personnes étaient là espérant être sauvées"
Eric Gandon a donc commencé à organiser des "séminaires de jeûnes". Et c'est lors de l'un de ces "séminaires" qu'un drame est arrivé. C'était le 12 août 2021, une femme, âgée de 44 ans décédait durant un stage de jeûne hydrique au château de Brou, à Noyant-de-Touraine en Indre-et-Loire, au sud de Tours. Stage organisé par Eric Gandon.
A l'époque, un des stagiaires, Franck (nom d'emprunt), avait joint la rédaction de France 3 pour dénoncer les conditions dans lesquelles ces stages étaient organisés.
"Nous étions un groupe de 25 personnes, certaines présentant des maladies auto-immunes, des cancers, ces personnes étaient là espérant être sauvées" témoignait Franck.
"Aucun des organisateurs ne vient prendre de nos nouvelles"
Ce stagiaire ne critiquait pas la pratique du jeûne mais les conditions dans lesquelles il avait vécu ce stage, au château de Brou.
"Aucun des organisateurs ne vient prendre de nos nouvelles si on ne se rend pas au point quotidien, ou si on n'envoie pas de mail. Et quand on finit par revenir et qu'on explique qu'on a été malade, qu'on cherche à comprendre, ils nous expliquent que c'est nous qui n'avons pas réussi à lâcher nos émotions, alors que c'est franchement un mal physique".
Franck dit avoir eu le sentiment d'être "abandonné" par l'organisateur du stage.
"On est épuisé par le jeûne, racontait-il en août 2021. Il y a l'effet de groupe qui fait qu'on se range à l'avis des autres, les frais engagés (3200 € pour quatre semaines) comptent aussi, on nous fait signer une décharge contre toute demande de remboursement en cas d'abandon. Même si on est en grande souffrance, on persiste".
D'autres victimes identifiées
Malgré le décès d'une stagiaire, Eric Gandon avait poursuivi son activité.
Mais l'enquête ouverte à cette époque a conduit, depuis, à l'identification d'autres victimes selon le parquet de Tours, cité par l'AFP.
Une plainte a ainsi été déposée suite au décès d'un homme âgé d'une soixantaine d'années, mort le 18 juillet 2020, un mois après avoir participé à un stage organisé, cette-fois-là en Vendée alors qu'il souffrait d'un cancer en phase terminale.
Toujours selon le parquet de Tours, une autre plainte concerne le décès, en mars 2022, d'une jeune femme ayant suivi un jeûne organisé par Eric Gandon alors qu'elle souffrait d'un cancer du foie et était en rupture de traitement.
Deux autres plaintes ont été déposée par des participantes au stage organisé à l'été 2021.
Deux mises en examen
Eric Gandon, 58 ans, a été mis en examen des chefs d'homicide involontaire, abus de faiblesse, mise en danger de la vie d'autrui et exercice illégal des professions de médecin et pharmacien.
A la suite de cette mise en examen qui lui a été signifiée ce jeudi 12 janvier, Eric Gandon a été écroué.
Son fils, âgé de 25 ans est également impliqué. Il faisait notamment la promotion des stages sur la chaîne Youtube dont il est question plus haut. Il a été mis en examen des chefs d'exercice illégal des professions de médecin et pharmacien.
Le jeune homme a été placé sous contrôle judicaire avec interdiction d'exercer toute activité en lien avec le jeûne et la naturopathie.
Les deux hommes accusés nient les faits qui leur sont reprochés.