Grippe aviaire. "On est obligés de freiner la production" de canards alors que la deuxième campagne de vaccination démarre

La deuxième saison de campagne de vaccination contre l'influenza aviaire a été lancée ce mardi 1er octobre. 54,7 millions de canards ont reçu la première dose du vaccin, dont plus de 24 millions dans les Pays de la Loire. Une réussite sur le plan sanitaire, mais sur le plan économique le bilan est plus contrasté selon les filières.

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Dans son élevage de volailles, à Nieul-sur-L'Autise, en Vendée, Mickaël Moinard est à l'arrêt. C'est une situation de surproduction dans ce secteur qui contraint cet éleveur à patienter avant de refaire le plein de canards à rôtir. Son bâtiment est vide depuis deux semaines et va le rester pendant les huit semaines à venir. Une perte d'un tiers sur son chiffre d'affaires de l'année.

"On est obligés de freiner la production. C'est dû aux stocks dans les congélateurs de nos abatteurs", explique Mickaël qui pointe du doigt un manque de consommation du canard de Barbarie, tant sur le marché national qu'international.

"Des stocks qu'on n'a jamais connus"

La grippe aviaire a fait disparaître cette production des étals et des entreprises de restauration. Les clients ne sont pas revenus.

"On est inquiet, ce sont des stocks qu'on n'a jamais connus", constate l'éleveur.

Pour lui, l'impact de cette situation porte également sur la production de déjections, utilisées pour engraisser ses terrains, et qui sont réduites à zéro.

Auparavant, il avait pu toucher quelques aides pour compenser les pertes dues aux mesures sanitaires. Ce n'est plus le cas dans la situation actuelle.

"Cette année, c'est une perte économique pure, déplore Mickaël qui n'aura pas de nouvelles aides. Je suis inquiet pour mon avenir, il me reste des capitaux à rembourser, du matériel à payer".

D'autres habitudes culinaires

Les acheteurs étrangers se sont tournés vers d'autres productions en Pologne, Roumanie, Hongrie et d'autres produits, notamment du canard de Pékin, et les Français, eux, ont pris d'autres habitudes culinaires.

"Ça nous inquiète par rapport à la sauvegarde de notre patrimoine gastronomique, déclare le président du Comité du canard de chair, Guy-Marie-Brochard. Le canard de Barbarie est une production franco-française. On est le seul pays à faire ce genre de produit."

Un rendez-vous a été pris avec la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, pour évoquer cette situation.

"Il faut reconquérir ces marchés, ce qui n'est pas facile"

Guy-Marie-Brochard.

Président du Comité du canards de chair.

"On a résolu à 96 % les problèmes sanitaires sur notre territoire, reconnait Alain Debarre, administrateur de la coopérative Val de Sèvre. On peut remercier l'Etat pour le déclenchement de la vaccination. Maintenant, il faut que l'État continue pour nous accompagner sur le plan économique. On est avec un stock de filets (de canard à rôtir) de 6 000 tonnes, plus important que pendant la période Covid."

"On repart sur de bonnes bases"

Mais, bonne nouvelle : l'épidémie de grippe aviaire semble stoppée.

"On est relativement sereins. Cette vaccination est une réussite, estime Alain Debarre qui précise tout de même que ce vaccin a un coût pour les producteurs. "C'est une charge importante, mais qui nous permet d'avoir de la visibilité sur nos projets d'exploitation."

David Hillereau vient de faire vacciner son élevage de canards à foie gras à Sèvremont. Il se dit soulagé. C'est sa deuxième campagne de vaccination et la précédente avait permis de protéger son élevage.

"On repart sur de bonnes bases. En espérant que ça continue comme ça. Je ne veux pas repasser une année comme 2022".

Cette année-là, son élevage, 6 000 canards, contaminé par le virus, avait dû être entièrement euthanasié.

Olivier Quentin avec Sophie Wahl.

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