Estimée à deux millions d'euros, la restauration de l'église de Château-Guibert, en Vendée, pourrait bénéficier du dispositif fiscal, annoncé ce vendredi par le président de la République. La rénovation des édifices religieux des petites communes va être aidée par une collecte défiscalisée. La Fondation du Patrimoine est en charge de la sélection des dossiers.
À la veille des journées européennes du Patrimoine, Emmanuel Macron a annoncé ce vendredi le lancement d'une grande souscription nationale pour rénover le patrimoine religieux des communes de moins de 10 000 habitants en France et moins de 20 000 habitants en Outre-mer.
Cette collecte aura "vocation à permettre, sur quatre ans, de mobiliser 200 millions d'euros", a déclaré le président depuis la collégiale Notre-Dame de Semur-en-Auxois, en Côte-d'Or. La déductibilité fiscale est portée de 66 à 75% du montant du don pour les particuliers dans la limite de 1 000 euros, comme cela a été le cas pour Notre-Dame.
Sur les 50 000 lieux de culte en France, dont 42 000 catholiques, seuls 10 500 sont protégés au titre des monuments historiques. Selon la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905, l'entretien des lieux de culte construits avant 1905 est à la charge des municipalités, une charge parfois incompatible avec les capacités budgétaires des communes, notamment les plus petites.
"Les villages de France existent avec leurs clochers. Il y a une petite cathédrale Notre Dame dans chaque village, qui est menacée d’être fermée, voire détruite", réagit Patrick Nayl, délégué départemental de la Fondation du patrimoine de Vendée.
"Je sais comment faire pour le rendre encore plus exceptionnel"
Parmi les 1 000 monuments religieux retenus dans le cadre de cette collecte par la Fondation du patrimoine, l'église de Château-Guibert, en Vendée, pourrait en bénéficier.
"L’église de Château-Guibert rentre bien dans cet appel à projet, assure Patrick Nayl. L’édifice présente un intérêt majeur avec le projet de seconde vie que lui offre le plasticien Fabrice Hyber."
Située entre La Roche-sur-Yon et Luçon, construite en 1893, l'église Notre-Dame de la Nativité est fermée au public depuis cinq ans. Elle fait l'objet d'un projet de rénovation dont le coût est estimé à deux millions d'euros
"Pour moi, c'est un symbole de la commune, confie l'artiste Fabrice Hyber, originaire de Luçon. C'est une église qui paraît assez banale, c'est un grand hangar de pierre, très haut. Il y a une sorte de présence très lumineuse à l'intérieur. C'est beau, c'est un bel endroit. Je sais comment faire pour le rendre encore plus exceptionnel."
L'église qui ne sera pas désacralisée, a vocation à devenir un lieu culturel. "C’est un dossier singulier, j’espère que c’est le début d’une belle aventure", explique Patrick Nayl.
Un lieu dédié à la voix
L'artiste fera don de l'ensemble des œuvres réalisées pour l'édifice dont des vitraux et 250 fauteuils-chaises. "Une fois la restauration achevée, d'ici à deux ans, je ferai une fresque représentant une grande forêt imaginaire à ma façon. Elle prendra du sol au plafond tous les espaces des murs et les vitraux intégrés."
Je pense que les gens méritent qu'on leur donne des choses d'exception en permanence
Fabrice HyberPlasticien
En échange de ce don, d'une valeur évaluée à deux millions d'euros, le plasticien souhaite garder la responsabilité du lieu et des activités culturelles qui s'y dérouleront. "C'est très important. Cela permettra au lieu de rester dans sa qualité initiale", explique-t-il.
L'artiste souhaite dédier le lieu à la voix et réfléchit déjà à une programmation avec l'ircam. "À l'intérieur de l'église, il y a un son exceptionnel, une réverbération incroyable. On va faire venir des voix, des chorales. On va faire des invitations spécifiques où on aura des concerts de voix, sans instruments".
Mais le lieu va rester, il faut garder ce côté vide et lumineux du lieu qui va servir de caisse de résonance.
Fabrice Hyber
Selon la Fondation du Patrimoine, chargée par Emmanuel Macron de la collecte des dons et de la sélection des projets, "plus de 5 000 édifices sont menacés d’abandon ou de destruction d’ici à 2030".