Comme chaque année, la ville de La Roche-sur-Yon est envahie par des milliers d’oiseaux. Pour arrêter les nuisances occasionnées par ces volatiles, la ville fait appel à des fauconniers professionnels.
La soirée va devenir compliquée pour les quelques 30 000 étourneaux Sansonnet sagement installés sur les platanes de La Roche-sur-Yon.
À partir de ce mercredi soir et pour trois nuits consécutives entre le 29 et le 31 juillet, la société Phoenix Effarouchement va intervenir et faire voler trois buses de Harris pour déranger et faire partir les étourneaux bien installés sur leur dortoir en ville, principalement sur le boulevard Aristide Briand.
Pour les habitants qui vivent à proximité de ces dortoirs, les nuisances sonores et olfactives sont importantes.
Beaucoup de bruit à leur arrivée entre 20h et 20h30 et au réveil vers 6 heures du matin, et beaucoup de fientes sur l’espace public et les voitures. Des fientes qui peuvent également transmettre à l’homme une bactérie qui peut provoquer une maladie pulmonaire.
Ces oiseaux viennent en ville la nuit pour se protéger contre les prédateurs (comme l’épervier ou l’autour des palombes) et dormir tranquillement. Le jour, ils quittent la ville pour se nourrir.
" Notre intervention consiste à réaliser des effarouchements par la fauconnerie, c’est à dire que l’on va utiliser des rapaces pour faire fuir les oiseaux, qui face à leur prédateur naturel, vont identifier le lieu initialement propice, comme un lieu risqué et ils vont décider d’en partir".
Pour ces étourneaux Sansonnet une simple attaque d’un rapace suffit à les traumatiser et les faire partir.
"Ce sont des oiseaux sociables que l’on peut dresser et utiliser facilement en ville et sans aucun danger pour la population. Nous allons à La Roche-sur-Yon les faire travailler en équipe. Nous allons utiliser trois rapaces mâles. Les femelles sont en période de mue, elle ne seront pas utilisées. Normalement les mâles et les femelles chassent ensemble et c’est la femelle qui domine le groupe. Actuellement, nous n’avons que trois mâles, c’est le plus âgé qui va prendre la tête du groupe"
Comment va se pratiquer cet effarouchement des étourneaux ?
Les étourneaux arrivent tous entre 20h30 et 21h sur les zones dortoir qu’ils ont identifiés comme des zones où ils sont à l’abris de leurs prédateurs."Nous allons être sur place à partir de 19h30 et nous positionner aux endroits les plus occupés par les étourneaux. Dès les premiers vols d’étourneaux nous allons lâcher nos rapaces. Ils vont ensuite se positionner sur les points en hauteur comme les toitures des maisons. Dès que les étourneaux arrivent, les buses de Harris vont tenter de les capturer en faisant des attaques et en les délogeant des arbres.
Nicolas Noailles le fauconnier nous précise :"Au fur et à mesure de la soirée des groupes vont quitter le territoire urbain et aller s’installer dans des coins où il ne seront pas dérangés. A partir de 21h30 la moitié de la population initiale va essayer de rester sur place, nous allons continuer à travailler pour les faire partir complètement jusqu’à 23h ou minuit."En fait, on dit à ces étourneaux : ne restez pas là vous risquez de vous faire manger par les prédateurs !
Ensuite, cela se complique un peu, certains oiseaux vont créer des dortoirs secondaires, dans des rues à proximité.
"On va donc aller faire fuir ces oiseaux de leurs dortoirs secondaires pour qu’ils comprennent que où ils se trouvent, ils sont en position de faiblesse puisqu’il y a des prédateurs implantés un peu partout dans la ville".
Ensuite, cette opération va être répétée trois fois, les étourneaux Sansonnet vont soit recréer des dortoirs loin hors de la ville, soit décider de partir en migration.
Petites précisions techniques
Chaque buse de Harris est équipée de balise GPS lors de l’intervention.Elles portent également une petite sonnette, qui est utilisée depuis le début de la fauconnerie. Cela permet de savoir quand l’oiseau se déplace dans le feuillage, et surtout quand ils effectuent une attaque, les étourneaux les entendent et ils décollent aussitôt pour éviter de se faire capturer. Le but n’est pas la destruction mais simplement de faire fuir.
Les fauconniers vont également utiliser des lampes torches pour donner un peu plus de visibilité aux rapaces et leur indiquer où se trouve les étourneaux.
Dans cette "guérilla urbaine", des fusées peuvent être également employées quand les oiseaux forment des boules en hauteur dans le ciel mais, quand ils sont perchés dans les arbres, les fusées ne marchent pas.
Le rapace est un animal 100% sauvage qui considère l’humain comme son prédateur. Après un an de travail avec l’oiseau, appelé "l’affaitage", l’animal (issue d’élevage) a une totale confiance avec son maître fauconnier. Cet art très ancien est pratiqué dans plus de quatre vingt pays et a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO le 16 novembre 2010
Cette société d'Île de France intervient auprès des entreprises, des centrales nucléaires, des aéroports, des sites d’enfouissement ou des collectivités. Elle possède 17 rapaces.
Pas de danger pour les enfants, les adultes, les chiens ou les chats, vous n’avez aucun risque de vous faire attaquer par une buse de Harris.