Après de longues discussions, les Etats de l’Union Européenne viennent de décider des quotas de pêche pour 2024. La filière pêche de la région s’inquiète de son avenir.
Comme à son habitude depuis plusieurs années, les pourparlers ont été longs et intenses pour les ministres chargés de la pêche. Ils viennent de décider du "total admissible de captures" (TAC) pour l’année 2024, pour plus de 200 espèces de poissons. Pour cela, ils se sont notamment appuyés sur des avis scientifiques visant à l'amélioration de l'état des stocks.
Le ministre espagnol Luis Planas, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, a déclaré à l'Agence France Presse : "Cet accord contribuera à maintenir les stocks à des niveaux durables, tout en protégeant les moyens de subsistance des flottes de pêche".
Détail de l'accord politique
Réduction les limites de capture (variation TAC 2023/2024) de pour :
- merlan dans le Golfe de Gascogne (-41%)
- plie dans les eaux ibériques (-20%)
- langoustine dans les eaux portugaises et aux Açores (-20%)
- sole (-17%)
- lieu jaune (de -53 % à - 66% selon les aires de pêche)
Compte tenu de l'état critique persistant de l'anguille européenne, le Conseil a décidé de maintenir la période de fermeture de six mois de toute activité de pêche commerciale à l'anguille, avec certaines exemptions, et d'interdire la pêche récréative.
José Jouneau, président du comité régional des pêches des Pays de la Loire et de l’Organisation de Producteurs de Vendée, c'est "une immense déception".
Bar, merlu, merlan, sole, des poissons largement pêchés par les professionnels de la région, tous voient leurs quotas en baisse. José Jouneau ne comprend pas "les discours politiques qui prônent l’autonomie alimentaire pour les produits de la mer d’un côté, tout en diminuant les quotas de l'autre."
Ce sont des décisions purement politiques avec des incidences sociales et économiques sur la façade golfe de Gascogne
José Jouneauprésident du comité régional des pêches des Pays de la Loire et de l’Organisation de Producteurs de Vendée
Depuis de plusieurs années, "le secteur de la pêche n’a pas été épargné par l’augmentation des prix des matières premières, du gasoil" à laquelle s’ajoutent des "obligations de définir des zones pour la planification énergétique et environnementale" en vue d’installation d’éolienne, mais aussi "des recours d’ONG sur différentes thématiques" qui perturbent leurs activités. "Ça fait vraiment beaucoup... ", alerte-t-il.
Même déception pour François Blanchet. Le maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie avait fait le déplacement à Bruxelles pour être au plus près des négociations et d’Hervé Berville, secrétaire d’État chargé de la Mer. "Le ministre s’est bien battu et a défendu la pêche française" précise-t-il, "mais au final l’accord n’est pas acceptable."
Le résultat est là. Il constate que "tous les quotas sont en baisse pour notre région". Comme José Jouneau, l’élu vendéen s’inquiète des retombées négatives sur toute une filière : "Nous allons mettre nos entreprises de pêche en difficulté, ainsi que nos criées..." François Blanchet semble amer et pessimiste.
Au final, le risque est que nous devions importer plus de poisson, en empêchant nos marins de faire leur travail. Un vrai paradoxe à l’heure des circuits courts.
François Blanchetmaire de St Gilles Croix de Vie
Dans un communiqué, Christelle Morançais, présidente de la Région des Pays de la Loire, apporte "son soutien sans faille aux marins-pêcheurs ainsi qu'à toute la filière." Elle "regrette que la voix de notre pays n’ait pu être entendue." Ces négociations européennes "reviennent à considérer la pêche artisanale française au même titre que les pays européens qui ont recours à une pêche industrielle et massive."
Les nouveaux quotas doivent prendre effet le 1er janvier 2024.