Aussitôt l'information connue, la polémique habituelle s'est mise en marche. Après le meurtre du Père Olivier Maire, à Saint-Laurent-sur-Sèvre en Vendée, pourquoi le suspect, déjà mis en examen pour l'incendie de la cathédrale de Nantes était-il en liberté et toujours en France ?
La question, polémique ou pas, se pose de tous les points de vue. Comment un homme déjà mis en examen pour l'incendie de la cathédrale de Nantes, et faisant l'objet d'une obligation de reconduite à la frontière, était-il en liberté et toujours en France ?
À ces questions le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti répond sur la page Facebook du ministère. Le Garde des Sceaux dénonce l'instrumentalisation politicienne du drame, et y répond en deux temps.
Une réponse politique
"Force est de constater que certains, toujours les mêmes, guettent le malheur pour mieux l’exploiter et n’ont pas pu résister dès l’annonce de ce meurtre effroyable à son exploitation politique. Ceux-là se sont précipités pour rédiger des tweets médiatiques et saignants, dans le seul but d’attaquer le gouvernement et les institutions policière et judiciaire, au détriment de nos grands principes et de la réalité des faits".
La réponse politique appelle cependant une réponse en droit, Éric Dupond-Moretti développe deux éléments objectifs qui permettent de comprendre, du point de vue du fonctionnement de la justice, comment cette personne d'origine Rwandaise était toujours sur le territoire français, et comment elle avait été confiée à la communauté religieuse Montfortaine dans l'attente de son jugement.
Ce que dit le Droit
"La dernière obligation de quitter le territoire (OQTF) dont le suspect a fait l’objet n’a pas été mise à exécution. Pas par angélisme mais par souci de justice ! Les mêmes qui dénoncent cette situation auraient hurlé à l’impunité si le suspect avait été éloigné et s’il avait ainsi échappé à son procès, sans assurance non plus que sa peine soit exécutée dans son pays d'origine.
Il convient également de rappeler que dans l’affaire de l’incendie de la cathédrale de Nantes, sa détention provisoire devait légalement prendre fin en juillet 2021 et que dès lors le contrôle judiciaire était la seule solution. Sauf à considérer que la détention arbitraire doit devenir la règle dans notre pays".
Rendre la justice au nom du peuple français
Et le ministre de revenir sur le principe de primauté du droit sur l'émotion ou l'esprit de vengeance : "Nous travaillons sans relâche pour réduire les risques au minimum, sans compromis, ni complaisance, et dans le respect constant de la règle de Droit.
Alors que le mis en cause a été placé hier soir en psychiatrie, l’enquête menée sous l'autorité du parquet va désormais tenter d’expliquer les raisons de ce meurtre. Et ce sont bien des magistrats et des policiers, loin des instrumentalisations politiciennes et des braises incandescentes des réseaux sociaux, qui vont s'efforcer de faire passer la justice, la vraie, celle qui est rendue au nom du peuple français".