Vendée : le quotidien des réfugiés ukrainiens et de leurs familles d'accueil entre exil douloureux et aventure humaine extraordinaire

Les premiers réfugiés ukrainiens sont arrivés dans notre région au mois de mars en Vendée. Notamment par le biais de l'association humanitaire et culturelle "Les joyeux petits souliers" qui entretient des relations depuis longtemps avec l'école de danse de Lviv, dans l'ouest du pays. Entre les ukrainiens et leur hôtes, des liens se sont créés, certains réfugiés travaillent, d'autres patientent comme ils peuvent. Tous n'attendent qu'une chose : retourner chez eux.

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Pas d’autre choix que de fuir les bombes russes.

D’éloigner ses enfants du bruit et de la fureur de la guerre.

Les hommes sont restés au pays pour combattre.

C’est donc une grande majorité de femmes et d’enfants que la Vendée accueille depuis des semaines.

Une expérience soudaine et riche en émotions

Iryna et ses deux ados ont débarqués à Soullans, chez les Guérin, le 6 mars dernier.  

Une parenthèse de vie entre marais et bocage, à plus de 2 000 km de leur maison.

Et si l’exil est douloureux, il est aussi une aventure humaine extraordinaire entre les familles d’accueil et les réfugiés.

a été soudain en fait" explique Béatrice Guérin.

C'est une expérience riche en plein de choses : en émotion, en échanges. Et on sent aussi qu'on apporte beaucoup de chaleur. C'est le but, c'est l'essentiel

Béatrice Guérin

Membre d'une famille d'accueil de réfugiés ukrainiens

Maria 11 ans, est en plein contrôle scolaire.

Dans la pièce d’a côté, sa mère, qui enseigne les disciplines littéraires, est elle aussi en visioconférence.

Pas question de suspendre le travail, ou l’école.  

C’est important, parce que nous ne pouvons pas nous projeter, imaginer la fin de la guerre. Moscou, la Russie, Poutine, ils ne s’arrêteront pas. Ils voudront aller plus loin. On ne sait pas quand tout cela aura une fin.

Iryna Kuzma

Réfugiée ukrainienne

"Nous on est inquiets pratiquement autant qu'eux finalement" souligne Béatrice Guérin.

"Parce qu'on se dit que s'il y arrivait des choses graves à leurs famille comment on va gérer, comment on va faire" s'inquiète-t-elle.

"Donc c'est un souci. Le matin quand on se lève parfois on demande "As-tu des nouvelles ? Qu'est ce qui se passe là-bas ?"

"C'est la préoccupation du jour, la première" raconte Béatrice Guérin.

Une aubaine pour l'hôtelier et un bol d'air pour la réfugiée

Mariana est arrivée aux Sables d’Olonne à la mi-mars.

Avec ses 3 enfants.

Très vite, elle a souhaité travailler.

A Lviv, elle dirigeait une trentaine de personnes.

Dans cet hôtel de bord de mer, elle fait désormais trois heures de ménage chaque matin.

"Dans la chambre numéro 6 ce sera pour une seule personne" dicte le gérant de l'hôtel du Commerce à son téléphone portable en détachant bien chaque mot.

Cela lui permet, grâce à une application de traduction, de communiquer plus facilement avec Mariana.

"La recherche de main-d'œuvre est compliquée car dans les agences d'intérim il n'y a personne qui est disponible" raconte Pierre Poupounot, le gérant de l'hôtel du Commerce situé aux Sables-d'Olonne.

"Donc pour nous c'est une aubaine en effet. Et ça se passe super bien !" acquiesce-t-il.

Quand les enfants sont à l’école, il faut bien s’occuper. L’esprit surtout. Cela permet de ne pas rester sans arrêt devant les infos, de ne pas se focaliser sur ce qu’il se passe en Ukraine.

Mariana Sasanchyn

Réfugiée ukrainienne

"Et puis on est bien ici. La ville est jolie. Le bord de mer, les balades à vélo, cela permet de se changer les idées. D’oublier les problèmes. Ne pas rester inactive, et aider son pays à distance" conclut Mariana.

Donner de la voix pour faire entendre celle des siens restés sur place

Dans la petite église de Saint-Germain-de-Prinçay (Vendée) résonne un "Ave Maria" cristallin.

Pour Adriana, chanteuse lyrique à la carrière internationale, aider son pays cela passe forcément par l’émotion.

Elle prépare un concert en soutien à l’Ukraine.

Mariana est violon alto dans un orchestre de Lviv. Elle jouera avec ses deux filles.

"Dés le soir de son arrivée le 7 mars Adriana à dit à ma femme "je veux faire quelque chose pour mon pays"" explique Alain Vergnaud, membre d'une famille d'accueil de réfugiés ukrainiens.

"Elle est passée en se baladant dans le bourg. Elle rentre dans l'église, essaie sa voix et dit : "c'est super" et voilà" " détaille Alain Vergnaud.

C'est un concert pour l'Ukraine. Pour nos amis qui sont restés là-bas. Pour nous . Pour notre famille. Pour nos parents. Pour les parents de Mariana. Pour mon mari et le mari de Mariana. Il y a beaucoup de nos proches qui sont restés en Ukraine

Adriana Chuchman

Réfugiée ukrainienne

Quand on demande à Mariana à quoi elle pense quand elle joue du violon elle répond du tac au tac et avec émotion "Ukraine. Toujours" avoue-elle en baissant les yeux.

Ils partent aussi avec un fort sentiment de culpabilité en fait ."Je laisse mon pays, j'abandonne ma famille" se disent-ils. "J'abandonne mes parents, mes grands-parents. Est ce que je vais revenir ? Est-ce que quand je vais revenir j'aurai ma maison". Ce sont des gens qui ont un patriotisme extrêmement fort en fait. Et pour eux partir c'est se dire j'abandonne tout.

François Blanchet

Président de l'association "Les joyeux petits souliers"

Un camping transformé en centre d'accueil temporaire

Pour d’autres réfugiés, c’est encore plus compliqué.

Dans ce camping de Bretignolles-sur-Mer transformé en centre d’accueil temporaire héberge plus de 80 personnes.

24 familles, souvent un peu perdues, mais qui peuvent compter sur le soutien de Marianna, désormais franco-ukrainienne.

En France depuis 6 ans, l’étudiante et traductrice bénévole entend beaucoup de douleur, d’inquiétude. De reconnaissance aussi.

Ici c’est très joli, il fait super beau, et en plus je me suis fait deux copains pour jouer au ballon.

Maxime

Réfugié ukrainien âgé de 11 ans

"Pour l'instant ils sont très heureux d'être en sécurité" détaille Marianna Félicité, étudiante en master 2 Tourisme.

"Ils reprennent leur souffle pour faire leurs projets par la suite" confie-t-elle.

Quand on lui demande si les réfugiés se confient à elle sur ce qu'ils ont vécu, sur leurs peurs, Marianna répond "ll y a des personnes qui ont pu expliquer ça en deux mots. Sans rentrer dans les détails. Il y a d'autres personnes qui ne peuvent pas évoquer Ça. Mais à un moment donné si on leur pose la question ils commencent à pleurer C'est très dur en fait".

La jeune étudiante et traductrice bénévole retient elle aussi quelques larmes à grand-peine.

A la fin avril, 3 567 ressortissants ukrainiens étaient présents en Pays de la Loire.

Dont 465 en Vendée.

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