Le parquet de Grenoble a interjeté appel de l'ordonnance de mise en accusation qui a renvoyé 13 jeunes devant la cour d'assises pour le meurtre de Kevin et Sofiane. Il s'agit de lever les doutes émis par des avocats des accusés.
Pour le parquet, cet appel général est motivé par "des raisons techniques", à la suite de plusieurs appels formés par des avocats des personnes mises en examen dans ce dossier.
"Je n'ai pas fait appel parce que j'étais insatisfait de l'ordonnance rendue par la juge d'instruction, mais parce que cela va permettre à la chambre de l'instruction d'avoir une entière connaissance du dossier", explique Jean-Yves Coquillat, procureur de Grenoble.
L'objectif est de faire en sorte que les 13 personnes renvoyées aux assises le soient pour les mêmes qualifications pénales, en cas de requalification des faits par la chambre de l'instruction. La juge d'instruction avait demandé que 13 des 15 mis en examen soient jugés devant la cour d'assises des mineurs pour "homicide volontaire", suivant en cela les réquisitions du parquet.
La chambre de l'instruction dispose de quatre mois pour statuer.
L'émotion l'emporte sur la raison"
Parmi les avocats ayant fait appel, Me David Metaxas affirme que son client "n'était pas présent lors de la rixe mortelle". "Ce qui s'est passé est injustifiable mais ce garçon n'y a pas participé. L'émotion l'emporte sur la raison. On est en plein dans une erreur judiciaire", a-t-il estimé.
15 personnes, dont trois mineurs, avaient été mises en examen pour "assassinat" dans le cadre de cette enquête, laissant supposer une préméditation des faits. Trois personnes, dont un témoin assisté, ont bénéficié d'un non-lieu.
Âgés aujourd'hui de 18 à 23 ans, les 13 suspects visés par ce renvoi sont pour la plupart issus du quartier voisin de la Villeneuve de Grenoble.
L'affaire devrait être jugée en 2015.
Les faits
Le 28 septembre 2012, Kevin et Sofiane avaient été assaillis dans le parc d'un quartier d'Échirolles par une bande de jeunes d'une cité voisine à la suite d'un différend. Armés de couteaux, d'un pistolet à grenaille, d'une bouteille de vodka et d'un marteau, les assaillants avaient procédé au lynchage des deux victimes.Kevin, étudiant en master, avait reçu huit coups de couteau, dont un mortel au poumon. Sofiane, éducateur, avait lui été poignardé une trentaine de fois et frappé au crâne avec un marteau. Il était mort le lendemain de multiples hémorragies internes.