Elle a été libérée le 23 janvier 2013, après sept années de détention au Mexique. Florence Cassez se reconstruit désormais à Annecy. Mariée, elle cherche du travail et se bat pour retrouver une vie normale. Un témoignage rare, recueilli par Ariane Combes et Floriane Olivier de France 3 Alpes.
Rencontre avec Florence Cassez par France3AlpesC'est en Haute-Savoie que Florence Cassez s'est installée après sa libération. Elle est à présent mariée. Son époux faisait partie du comité de soutien qui l'a défendue et portée tout au long de sa détention. Il est mexicain et chef cuisinier en Suisse. C'est avec lui qu'elle a "tout réappris" de la vie quotidienne. "Une reconstruction compliquée et douloureuse", parce que "recouvrer la liberté est compliqué, votre corps est enfin dehors, pas votre esprit". Elle parlera d'ailleurs de son vécu lors d'une conférence sur le thème "Enfermements et Liberté", le jeudi 30 octobre à Annecy.
A près de 40 ans aujourd'hui, Florence Cassez semble rayonnante mais encore si fragile. Son passé est tout près et l'habite encore, plus de 7 ans passés dans les geôles du Mexique, accusée d'être à la tête d'un gang spécialisé dans les kidnappings. Difficile encore aujourd'hui de retrouver ses repères: "je vais bien, mais je reviens de loin!".Je vais bien, mais je reviens de loin"
Et la jeune femme raconte la panique qui l'a saisie, des mois plus tard, dans un rayon de supermarché, tout simplement parce qu'elle était "incapable de choisir une tranche de jambon dans ces fichus rayons". Elle se souvient: "quand mes co-détenues sortaient et qu'elles m'expliquaient qu'elles n'allaient pas bien, je ne comprenais pas. Je m'en veux. Je sais à présent combien ce n'est pas simple."
L'interview intégrale
J'ai envie d'une vie normale"
Des coups de blues et de déprime, bien sûr. Mais une sacrée rage de vivre. Sa priorité aujourd'hui est de fonder une famille, de retrouver du travail. Elle, l'autodidacte, qui n'avait pas fait d'études, avait pourtant réussi à décrocher un poste de directrice des ventes dans un magasin... avant. Elle rêve à présent "d'une vie normale", a besoin "qu'on lui donne sa chance". Tourner la page, même si cette expérience lui a appris "à arrêter de se regarder le nombril", dit-elle.
Je ne me suis pas battue pour ma liberté mais pour mon innocence"
A la regarder, à l'écouter, difficile d'imaginer ce qu'elle a traversé, mais la principale fêlure est là, bien vivante, bien présente: il y a "toujours ce petit doute qui persiste sur mon innocence ". Florence Cassez est libre, mais pas libérée de ce parcours "qui la suit partout". "J'inclus mes parents, mes amis, mes avocats, tout le monde a souffert de cette histoire." Décidée à se battre encore, elle a déposé plainte, le 7 octobre dernier, au Tribunal de Paris "contre X, pour arrestation et détention illégales". Le Parquet n'a pas encore rendu sa décision.
Une conférence sur le thème "enfermements et liberté"
Florence Cassez doit participer ce jeudi 30 octobre à 18h45, à l'hôtel des Trésoms d'Annecy, à une conférence sur le thème "enfermements et liberté", en présence notamment de Jean-Luc Romero, président de l'Association ELCS contre le Sida et président de l'Association au Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), mais aussi d'Anne Carleton, chanteuse et plasticienne.A cette occasion, Florence Cassez exposera et vendra les toiles qu'elle a peintes au cours de ses années de détention.