Laure Manaudou a fermé le plus beau livre de l'histoire de la natation française, celui de la vie d'une nageuse ultra talentueuse et déterminée devenue la première tricolore championne olympique, mais aussi une icône médiatique parfois diva et une mère de famille épanouie
A 26 ans, Laure Manaudou mets fin à 12 années de plus haut niveau, riches de 22 titres internationaux (pour un total de 36 médailles) et 7 records du monde, traçant un sillon dans lequel se sont engouffrées les nouvelles stars tricolores, tel Florent Manaudou, son frère, Yannick Agnel ou encore Camille Muffat. Laure Manaudou laisse une dernière image: celle d'une femme heureuse, tenant dans les bras sa petite fille Manon, fin novembre lors de l'Euro-2012 en petit bassin à Chartres, où elle a réalisé son ultime objectif : réussir devant son public.Le rideau peut s'abaisser.
Un talent précoce
Tout a commencé alors qu'elle n'avait que 13 ans. Un entraîneur, Philippe Lucas,remarque la jeune fille d'Ambérieu-en-Bugey (Ain). Il rencontre ses parents avec cette remarque: elle sera championne olympique.
"Sur sa fiche scolaire, à la question: "Que veux-tu faire plus tard ?", Laure avait marqué: nageuse professionnelle", raconte son père Jean-Luc Manaudou, qui se souvient encore des larmes de colère de sa fille quand elle perdait une compétition... à seulement 5 ans ! Laure Manaudou quitte le cocon familial en juillet 2001 pour s'installer à Melun (Seine-et-Marne) sous la coupe de Lucas, qui lui impose un entraînement démentiel : 18 km par jour dans l'eau !
"Parfois proche de l'autodestruction"
Orgueilleuse et affamée de victoires, elle encaisse et le 15 août 2004, elle vit un conte de fée. En remportant le titre du 400 m nage libre, la jeune fille d'Ambérieu devient la première championne olympique française et apporte à la natation française la deuxième médaille d'or olympique de son histoire, 52 ans après Jean Boiteux à Helsinki, sur la même distance. A peine sortie de l'adolescence, elle est déjà une star. Son sourire éblouit, son fort tempérament fascine, sa beauté séduit. Une extraordinaire carrière commence. "C'était quelqu'un de très dur avec elle-même et parfois avec les autres et en même temps quelqu'un d'attachant, doux et extrêmement gentil. Elle était parfois proche de l'autodestruction tellement elle était exigeante avec elle-même", explique son entraîneur en 2008, Lionel Horter, pour qui le plus beau de sa carrière reste les Mondiaux en 2007 à Melbourne.
Elle y rafle deux titres, un an après ses 7 médailles européennes dont 4 en or. Manaudou va surfer sur la vague du succès, accumulant médailles, records, mais aussi contrats mirobolants de sponsoring ou de publicité.
Elle devient l'égérie d'une marque de luxe et un homme d'affaires français devient son mécène à hauteur d'un million d'euros par an. Mais les austères séances d'entraînement sont devenues trop difficiles à supporter pour la championne qui a aussi envie de vivre sa vie de femme. Elle sature et sur un coup de tête, en avril 2007, elle part s'installer à Turin, en Italie, pour rejoindre le nageur Luca Marin, qu'elle présente comme l'amour de sa vie. Cela n'aura été qu'une illusion et elle rentre en France au cours de l'été 2007, déprimée.
Les JO avec son frère
L'envie de nager n'est plus là. Aux JO-2008, ce sera le fiasco (0 médaille). A son retour de Pékin, elle s'installe à Marseille, où elle redécouvre l'amour avec le nageur Frédérick Bousquet. En septembre 2009, elle annonce sa retraite pour mieux se consacrer à sa famille. Le 2 avril 2010, elle donne naissance à une petite fille, Manon, et part s'installer aux Etats-Unis, à Auburn (Alabama), avec son compagnon. Mais l'envie de nager refait surface avec un rêve fait à 17 ans et encore à réaliser : celui de vivre les jeux Olympiques avec son frère Florent.
En septembre 2010, elle renoue avec l'entraînement de haut niveau et en juillet 2011 c'est le retour en compétition.
Aux JO-2012, elle ne passe pas le cap des séries mais elle s'en satisfait très bien. Elle est comblée par la médaille d'or décrochée par son frère, à laquelle elle a contribué par le seul fait de sa présence.
Le résumé de sa carrière par Jean Paul Savart :