Le vinyle va bien, merci pour lui. Alors qu'on ne lui prédisait pas un grand avenir dans les années 90, il fait encore causer dans les salons. Ses ventes affichent même une courbe ascendante et les disquaires indépendants organisent, samedi, une journée à sa gloire : le disquaire day.
On l'a cru perdu dans les années 90, pensant que le CD aurait, à moyen terme, raison de lui. Finalement, trente ans après l'arrivée du son laser dans nos oreilles, les platines tournent toujours et les vinyles sont plus que jamais à la mode. Plus surprenant, les 33 tours séduisent même un nouveau public. "Avant, on était sur une clientèle de la tranche 30/40 ans, explique Stéphane, un disquaire clermontois, aujourd'hui c'est plutôt 20/30". Le vinyle aurait donc trouvé une seconde vie auprès d'amateurs qui n'étaient même pas nés quand on annonçait son déclin.
"Ça devient cool d'acheter du vinyle", ajoute Stéphane. Et ce n'est pas Sylvain Héraut, autre disquaire du plateau central de Clermont-Ferrand, qui va le contredire. Le disque, "c'est sensuel" nous dit-il, trahissant une belle histoire d'amour avec les 33, 45 et 78 Tours. Sylvain est tellement attaché à certains objets de sa boutique qu'il refuse de les vendre ! Samedi, à l'occasion du troisième Disquaire Day, il devra sans doute accepter de voir partir quelques collectors de sa collection.
Car si le vinyle a connu une phase moribonde, les disquaires ont vécu de plein fouet ce désamour du public. 90% des indépendants ont fermé leurs portes au cours de vingt dernières années. L'arrivée du CD conjuguée à une offre culturelle plus importante dans les grandes surfaces (notamment alimentaires) et au téléchargement a mis à mal le commerce musical de proximité.
Pourtant, quel plaisir de pouvoir aller gratter dans des bacs à la recherche de pressages originaux des Beatles, Pink Floyd, Louis Armstrong, etc. Quel plaisir de poser le saphir sur les sillons du disque et d'écouter les craquements qui précèdent les premières notes. Un plaisir que les artistes contemporains semblent apprécier également, par intérêt commercial peut-être ou par passion (on va essayer d'y croire). Ces dernières années, de nombreux albums sont sortis à la fois en CD et en vinyles. En 2012, aux Etats-Unis, Blunderbuss de Jack White est le 33 Tours qui s'est le plus vendu devant Abbey Road des Beatles.
L'an passé, en France, il s'est vendu 50 millions de CD pour "seulement" 600 000 disques vinyles. Un support que certains assimilent à une œuvre d'art. Alexandre Rochon est le leader du groupe Delano Orchestra et grand manitou du label clermontois Kütü Folk et il vient de réaliser, avec ses petits camarades, un rêve de gamins : une pochette de 33 Tours…cousue-main !
Meilleures ventes de Vinyles aux Etats-Unis en 2012 (Source : The Nielsen Company
- Blunderbuss – Jack White
- Abbey Road – Beatles
- Babel – Mumford & Sons
- El Camino – Black Keys
- Sigh No More – Mumford & Sons
- Bloom – Beach House
- For Emma Forever Ago – Bon Iver
- Boys & Girls – Alabama Shakes
- 21 – Adele
- Bon Iver – Bon Iver
En 1993, le vinyle n'était pas à la fête
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