La salers se reconnaît à son magnifique poil rouge, son trait d'eye-liner si séduisant et ses cornes. Alors, créer des vaches salers "polled", c'est-à-dire sans cornes, l'idée ne plaît pas à tout le monde. Même si cela peut s'avérer très pratique.
Enlever ses cornes à une salers, pour les puristes, c'est un peu comme d'enlever la Tour-Eiffel à Paris ou sa pipe à Monsieur Hulot : tout simplement une hérésie. Et pourtant, un GIE, groupe d'intérêt économique pour le développement de la race salers sans cornes regroupe aujourd'hui 28 éleveurs français, dont 6 cantaliens. Leur but : travailler au développement d'une filière française de vaches "polled", ou sans cornes, et tout cela sans manipulation génétique, juste avec une sélection drastique des animaux.
Pour cela, ce groupe d'éleveurs répartis sur 15 départements français a fait l'acquisition en 2011 en Écosse d'un reproducteur : Joker, un taureau alors âgé de deux ans, issu de lignées françaises et qui a l'énorme avantage d'être homozygote : il possède les deux allèles du gène polled, ce qui est extrêmement rare. 3500 doses de semence ont été prélevées sur lui, et chaque membre du groupement en a reçu 200. Les premiers descendants de Joker devraient être commercialisés en 2014.
Mais quel est l'intérêt d'une salers sans cornes? Pour ceux qui ont fait le choix de cette filière, il est double. Économique d'abord, puisqu'à l'exportation, dans certains pays, les bêtes sont systématiquement écornées. Et que l'Angleterre et l'Allemagne, entre autres, élèvent déjà des salers sans cornes.
Pratique, ensuite. Car l'absence de cornes semble jouer sur le caractère de l'animal, qui devient plus doux et beaucoup plus facile à élever.
Que l'on se rassure, cette nouvelle filière ne devrait pas changer trop rapidement le paysage de nos campagnes. le nombre d'exploitations se lançant dans le projet étant encore extrêmement faible.