Rassemblement des églises réformées et luthérienne de France, cette nouvelle église protestante tient son premier synode à Lyon du 8 au 12 mai pour élire son conseil national et son président. Les protestants français serait 400 000 à se reconnaître en l'EPUF.
Entretien avec Etienne Tissot, doctorant en thélogie. Emilie Rosso/Pierre Lachaux.
Plus d'un siècle après leurs premières tentatives oecuméniques, l'Eglise Réformée et l'Eglise évangélique luthérienne de France vont célébrer leur récente fusion dans "l'Eglise protestante unie de France" (EPUdF) , le 11 mai au Grand temple de Lyon.
Cet événement festif, "ouvert à tous" se tient en marge du premier synode (du 8 au 12) de cette grande "communion luthéro-réformée", une des trois composantes de la Fédération protestante de France (FPF), avec les Eglises d'Alsace-Lorraine et les Eglises évangéliques.
Faire face aux néo-pentecôtistes
Au-delà d'un rapprochement souhaité, il y a le souci de faire face au développement, spontané, pour ne pas dire échevelé, d'églises "d'un autre type", relevant d'un "néo-pentecôtisme" exubérant, syncrétique, non soumis à une institution, apparu au Brésil et en Afrique et qui fleurit parmi les populations immigrées.Pour le Pasteur Claude Baty, président de la FPF, à qui doit succéder le pasteur François Clavairoly, le 1er octobre, ce nouveau chapitre vient pallier un certain "éparpillement" du protestantisme, ses églises "n'étant pas régulées par la hiérarchie, comme dans le catholicisme. "Ainsi, quand des églises proches s'unissent, cela va dans le bon sens".
Des divergences sur les sacrements
Du 8 au 12 mai, 220 délégués des dix synodes régionaux, se réunissent à huis clos au Centre Valpré d'Ecully (Rhône), pour aborder la délicate question de la fin de vie, parachever l'adaptation juridique des statuts de leurs 450 églises locales ou paroisses et élire leurs instances nationales.Le Pasteur Laurent Schlumberger, 55 ans, président du conseil national de l'Eglise réformée de France, devrait devenir le premier président de l'Eglise protestante unie de France, constituée juridiquement depuis l'été 2012.
Cet aboutissement couronne plus d'un siècle de tentatives oecuméniques entre les deux grands courants de la Réforme, née au XVIe siècle, celui d'un Martin Luther (1483-1546), plus centré sur les questions mystiques et pastorales, et celui de Jean Calvin (1509-1564), davantage impliqué dans l'organisation d'une église indépendante du pouvoir.
"La grande affaire qui les a opposés, rappelle le pasteur Schlumberger, a été la compréhension des sacrements, Luther avec une vision plus proche de celle des catholiques, Calvin avec une optique plus symbolique". "Ils se sont à ce point affrontés, que la première tentative de concorde entre
Luthériens et Réformés, en 1529, a achoppé sur ce point particulier".
Combien de fidèles ?
Sur 1,7 million de protestants français (3% de la population), environ 800.000 sont affiliés à la Fédération qui regroupe une trentaine d'unionsd'Eglises réparties sur plus de 1.400 paroisses. La nouvelle Eglise protestante Unie en compte environ 450, avec 400.000 personnes qui font appel à ses services.