A partir de mardi, au Puy-en-Velay (Haute-Loire), près d'une cinquantaine de journalistes sont attendus pour l'ouverture du procès de Matthieu M., meurtrier présumé d'Agnès, le 16 novembre 2011 au Chambon-sur-Lignon. Un procès jugé "sensible" par le ministère de la justice qui s'achèvera le 28 juin.
Le procès de Matthieu M., aujourd’hui âgé de 19 ans, va se dérouler devant la cour d’assises pour mineurs de Haute-Loire car l’accusé était encore mineur au moment des crimes pour lesquels il est poursuivi.
Il s’agit d’un viol commis à Nages-et-Solorgues dans le Gard avec usage et menace d’une arme, le 1er août 2010, et d’un homicide volontaire avec circonstances aggravantes (préméditation, minorité de la victime et concomitance avec un autre crime, en l’occurrence le viol de la jeune Agnès), commis au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire le 16 novembre 2011.
La cour sera présidée par Christophe Ruin, conseiller à la cour d’appel de Riom (63) et sera composée de trois juges professionnels (le président et deux accesseurs qui sont juges pour enfants au tribunal du Puy) et de six jurés tirés au sort lundi 17 juin. Un troisième accesseur assistera en tant que suppléant aux débats sans participer au délibéré.
Huis clos ou pas ? Réponse mardi matin
Après l’information des jurés lundi, le procès ne s’ouvrira véritablement que mardi avec un premier point à trancher par les seuls juges professionnels quant à la publicité des débats.
Les défenseurs de Matthieu, Maître Dièze et Maître Mimran, souhaitent un procès à huis clos dans l’intérêt de leur client mais leur demande peut être repoussée par la cour.
On sait que la famille d’Agnès Marin souhaite au contraire un procès public, c'est-à-dire la présence des journalistes et du public dans la salle d’audience pour que le drame du Chambon-sur-Lignon "serve à quelque chose" et permette, selon leur propres termes, de mettre à jour d’éventuels "dysfonctionnements du système" (justice, experts et collège-lycée du Chambon le cas échéant). Une fois la décision du huis clos (qui peut être partiel ou total) prise, le procès pourra commencer.
D'abord l'affaire du Gard
Mercredi 19 juin après-midi et jeudi 20 juin matin devraient être examinés les faits commis sur la victime mineure du Gard (victime de viol). La personnalité de l’accusé devrait être en question le jeudi après-midi, où l’on entendra notamment Philippe Bauwens, ancien directeur du collège Cévenol, mais aussi le psychothérapeute du Chambon-sur-Lignon chargé du suivi de Matthieu durant sa scolarisation en Haute-Loire.
Le lundi suivant, 24 juin, des élèves, des professeurs et maitres d’internat du Cévenol devraient venir témoigner à la barre. Ensuite, durant deux jours, ce seront des enquêteurs et des experts médicaux qui auront la parole. Le témoignage du psychiatre qui a expertisé Matthieu après le viol dans le Gard, médecin qui concluait que le jeune homme n’était ni pervers, ni dangereux et donc réinsérable, est particulièrement attendu.
70 témoins pour un procès exceptionnel
Des témoins supplémentaires pourraient être convoqués le cas échéant ou bien des auditions complémentaires de l’accusé avant le réquisitoire des deux avocats généraux en fin de deuxième semaine, Jeanne-Marie Vermeulin, avocat général à la cour d’assises de Riom et Loïc Erignac, substitut du procureur à Clermont.
Ensuite viendront les plaidoiries, et le dernier mot sera, comme de coutume, à la défense de Matthieu. Le jury pourra alors se réunir pour délibérer. Ce procès est classé "sensible" par le Ministère de la Justice (comme l’était récemment celui de Tony Meilhon à Nantes) en raison déjà du nombre de medias qui vont le couvrir : plus de 40 medias (soit près de 80 journalistes et techniciens accrédités), du retentissement qu’avait eu l’affaire du Chambon-sur-Lignon et, en définitive, en raison des nombreuses questions qu’elle soulève encore dans la société sur le fonctionnement du système judiciaire, la délinquance des mineurs et la récidive en particulier.
Le palais de Justice du Puy-en-Velay aménagé pour un procès "sensible"
Le procès de l'affaire Agnès débutera le mardi 18 juin au tribunal du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Durant deux semaines, la cour d'assises pour mineurs de Haute-Loire jugera un jeune homme aujourd'hui majeur pour le viol et le meurtre d'Agnès Marin en novembre 2011 au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire, mais aussi pour un viol commis dans le Gard en août 2010. Jugé sensible, ce procès très médiatique a justifié des aménagements au palais de justice du Puy-en-Velay.
Un webdoc pour comprendre l'affaire Agnès
A l'occasion de l'ouverture du procès de l'affaire Agnès, France 3 Auvergne a créé un webdoc qui vous permet de revenir, simplement, sur les différents évènements qui ont marqué à jamais le Chambon-sur-Lignon et le collège-lycée Cévenol. Chronologie des faits, portraits des protagonistes, réactions des parents, des grands-parents d'Agnès, avis d'expert-psychiatre et de parents d'élèves, une navigation simple pour mieux comprendre ce qui s'est passé le 16 novembre 2011.