Il suffit de se balader dans les allées du Sommet pour voir que l'image de l'agriculteur est en train de changer. Sur les stands, les affiches présentent souvent un jeune exploitant le smartphone à la main ou la tablette sur les genoux. L'agriculteur sera moderne et mobile ou ne sera pas.
Faut l'avouer, sur les stands dédiés aux solutions informatiques agricoles, il y a surtout des jeunes. Certains sont geeks dans la vie et aimeraient le devenir au champ. D'autres ont fait entrer l'internet dans la maison mais pas encore dans l'exploitation. Voilà que la tablette met tout le monde d'accord.
Le fournisseur "Isagri" de Beauvais a, par exemple, travaillé sur une tablette pour le monde laitier. La coque est étanche et résiste aux chocs, c'est la moindre des choses dans une salle de traite! Passé ce détail technique, la question cruciale: à quoi ça sert? Globalement, ça permet un suivi de l'élevage sur le terrain. Se souvenir qu'une bête ne doit pas être traite, qu'une autre est sous traitement, se rappeler des rations, des interdictions... Chaque vache est fichée et le tout est synchronisé avec l'ordinateur.
"C'est particulièrement intéressant dans un GAEC, quand on doit se passer des infos entre collègues", explique cet exploitant séduit, "ça évite aussi de tout ressaisir le soir sur son ordi, là on n'a pas besoin de chercher dans nos souvenirs ce qu'on a relevé le matin, c'était source d'erreur".
Les premières appli arrivent aussi sur les smartphones mais simplement pour saisir des données. "Boviclic Phone" est ainsi présenté sur le Sommet de l'élevage.
La tablette démarre, la console avance
Le marché de la tablette agricole a réellement démarré en 2012 lors du SPACE. Depuis, il a le vent en poupe et, curieusement, il n'est pas si concurrentiel que cela. On trouve un peu plus de monde sur celui des consoles embarquées qui permettent guidage et gestion des parcelles depuis les tracteurs. Savoir où l'on a mis tel engrais, tel traitement, ne plus être victime de l'approximation, c'est une idée désormais bien ancrée et ça passe par les technologies de la mobilité.
Chez "Kerhis", qui conçoit des logiciels pour les coopératives, "le volet mobilité est de plus en plus une préoccupation", dixit Jo Dreau, le directeur général. "On l'utilise dans la filière bovine notamment quand un technicien va acheter des bêtes dans une exploitation. Sur sa tablette il rentre l'identification de l'animal, saisit la date et le lieu d'abattage et à qui il peut être vendu, comme ça tout le monde est averti. Plus que jamais, il y a un esprit de traçabilité dans la démarche", ajoute Jo Dreau.