Les critiques se multiplient contre la réforme des rythmes scolaires, qui fera l'objet d'une réunion jeudi à l'Elysée : Les maires réclament une remise à plat du financement et l'opposition raille la "taxe Peillon". La pression fera-t-elle changer le gouvernement d'orientation ?
La "réunion d'étape sur la rentrée et les rythmes scolaires" qui s'est tenue mercredi matin a été présentée par l'Elysée comme une simple "réunion de travail". L'hebdomadaire L'Express l'a qualifiée de "réunion de crise".
Pour la présidence de la République, il y a eu "réaffirmation du bien-fondé de cette réforme entièrement dédiée à la réussite des enfants et à leur bien-être".
A sa sortie, le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon s'est déclaré "d'une grande sérénité". "0n est en train de mettre une réforme en place dans l'intérêt des enfants", a-t-il dit. Il a reconnu "un temps d'adaptation" et concédé la nécessité de faire quelques "efforts" en matière de recrutement d'animateurs, l'encadrement et les locaux. "Nous irons jusqu'au bout. Nous le ferons dans la concertation, et nous réussirons ensemble", a-t-il ajouté devant l'Assemblée.
La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a fait état d'"un consensus" pour "avoir des journées moins chargées". Elle reproche à Jean-François Copé de chercher à "prendre en otages les enfants" pour des motifs "de sombres batailles politiciennes".
Le président de l'UMP, qui demande le report de la réforme, a ironisé à propos de la "taxe Peillon" qui pèsera selon lui sur les collectivités locales pour financer les activités périscolaires qu'elle a mises en place.Les sénateurs UMP ont demandé une mission d'information, jugeant la réforme "intenable financièrement".
Pour appliquer la semaine de quatre jours et demi, au lieu de quatre, l'Etat a mis à disposition des communes "un Fonds d'amorçage" doté de 250 millions d'euros. Cet argent n'a "pas été consommé", a souligné M. Peillon sur TF1, citant la ville dont M. Copé est maire: "Il y avait 150 euros pour chaque enfant de Meaux. Il n'en a pas utilisé un seul.""Franchement, vous parlez au ministre qui a la priorité budgétaire, le président de la République a donné tous les moyens à l'école. Nous avons accompagné les collectivités, vous pensez qu'on va arrêter de le faire?", a-t-il demandé, sans toutefois dire clairement si ce fonds serait pérennisé.
L'Association des maires de France (AMF), réunissant des édiles de différents bords politiques, a réclamé "une remise à plat" du "financement de la réforme", dont le coût "ne peut être supporté par les communes", et sollicité un rendez-vous "en urgence avec le Premier ministre". Son président Jacques Pélissard a demandé une aide de 150 euros par enfant dans toutes les communes pour 2014. Les élus locaux n'ont jamais contesté la pertinence
de la réforme.