Le film "La marche " inspiré de la marche pour l'égalité et contre le racisme, a été projeté en avant-première mardi soir à UGC Confluence. Ce film retrace ce qui a été improprement intitulé "La marche des beurs" en octobre 1983. Une adaptation au cinéma que ne renient pas les acteurs de l'époque.
Le film "La marche" est librement inspiré de la marche pour l'égalité et contre le racisme qui avait en 1983 réveillé la conscience des Français sur la condition des immigrés. Le mouvement naît dans la cité des Minguettes à Vénissieux. Quelques jeunes immigrés de la banlieue lyonnaise, regroupés au sein de l'association "SOS Minguettes" parviennent à mobiliser en marchant de Marseille à Paris d'octobre à Décembre 1983. Une marche pacifiste qui finit par trouver un écho favorable auprès de l'opinion publique et du pouvoir politique. Le président de la République lui-même reçoit les marcheurs à l'Elysée. François Mitterrand donne droit à leurs principales revendications. Les média parleront de l'événement en évoquant la "marche des beurs", une façon simpliste de présenter la démarche.
Pour le réalisateur du film Nabil Ben Yadir, il s'agissait d'abord de faire de ces "anti-héros... des héros". Lui -même reconnaît que cette épopée là, vieille de 30 ans, lui avait échappé jusqu'à l'idée de la mettre en scène. Il se garde de toute prétention : "La marche" n'est pas un documentaire mais bien une adaptation cinématographique, librement inspirée de la réalité. Le propos ? Remettre en lumière des gens qui répondent à la violence par la non-violence. Des immigrés qui découvrent incidemment "leur super-pouvoir" et comprennent que leur cause peut être entendue des Français de toutes conditions.
Jamel Debbouze dit sa joie de figurer dans ce film qui est aussi pour lui un souvenir d'enfance : Il se souvient avoir accueilli les marcheurs à Paris, encore gamin, sur les épaules de son oncle. "Je me suis approprié cette histoire qui est la nôtre. On est tous français, dit-il avec fierté. C'est la première fois que l'on est traité comme des héros". Et de rendre hommage à Lyon qui a su engendrer un mouvement de cette ampleur, qui trouvera finalement un écho national.
Le film raconte la brutalité des humiliations subies par les immigrés. Une violence qui s'exprime gratuitement jusqu'aux meurtres d'enfants dans une France résolument raciste. Le trait est-il forcé ? Djamel Atallah, qui a été l'un des instigateurs de la marche intervient à son tour pour raconter le contexte de l'époque : "Il régnait à l'époque un climat malsain en France avec des actes meurtriers." La vérité du film serait donc quelque peu en retrait . "J'ai vu le film deux fois, dit -il. Ça ne retrace pas la réalité à 100%. Mais j'ai retrouvé le fond et c'est l'essentiel (...). Dans les années 80, on était les enfants d'une fin de décolonisation. Cette marche, c'était notre cri de désespoir". Marie Laure Mahé, elle aussi, a fait partie des marcheurs de l'époque. Si elle parle du film comme d' "un cinéma populaire", elle considère néanmoins qu'il s'agit là "d'une bonne restitution des faits".
Depuis, la France a-t elle fondamentalement changé ? Jamel Debbouze le confirme avec l'humour qu'on lui connaît : "D'abord, on ne nous tire plus dessus !" pour enchaîner : Oui ,les choses ont progressé, mais pas assez". C'est d'ailleurs la conclusion du film qui laisse poindre un questionnement militant sur une France dont le regard en la matière n'aurait pas encore assez évolué et qui mériterait une nouvelle marche d'indignation.
Le film "La marche" sort en salle le 27 Novembre
Le père Delorme, prêtre ouvrier aux Minguettes, a été l'un des instigateurs de la marche de 1983. Il a beaucoup apprécié le film qui restitue parfaitement, selon lui, l'ambiance qui régnait au sein du groupe de marcheurs.
Des images du tournage du film "La marche", place Bellecour à Lyon :
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Avant-première réussie en présence des marcheurs et des acteurs
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Djamel Debouze et Olivier Gourmet étaient les invités du journal régional mardi 5 novembre
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