Jugés pour l'assassinat de leur mère adoptive,devant les assises de la Loire, deux frères polonais de 27 et 28 ans, racontent un climat de maltraitance. Des souffrances quotidiennes assorties d'un sentiment d'abandon et d'une intégration familiale difficile.
"Le soir, notre père nous a enfermés plusieurs fois dans la cabane à chiens ou dans la cabane à cochons", a raconté l'aîné, Aurélien Toinon, blond massif aux cheveux en brosse, accusé d'avoir tué sa mère à coups de barre de fer.
Les deux frères ont raconté à la psychologue qui les a examinés que leur mère "leur donnait des gifles et des coups de poings, et qu'elle était plutôt physique", a expliqué l'experte, rapportant des "maltraitances et humiliations dans l'attitude parentale".
Aurélien et Johan Toinon ont été enlevés à leur mère prostituée, en Pologne, pour être adoptés en 1993 par un couple d'agriculteurs de Saint-Galmier (Loire), en même temps que leurs frère et soeur aînés.
"Ils interdisaient qu'on parle polonais entre nous", ont dit les deux hommes à la barre. Pendant l'instruction, tous deux avaient évoqué un climat familial marqué par l'alcoolisme de leur mère adoptive et leur mauvais accueil par la branche maternelle.
Johan, le plus jeune, avait raconté aux enquêteurs que sa mère versait de l'eau dans son lit pour punir son énurésie et faisait preuve de "méchanceté gratuite" à son égard, des déclarations confirmés par son frère et sa soeur aînée.
Aurélien avait, de son côté, quitté la ferme familiale en 2008, notamment après le refus par ses parents de lui céder un terrain de 35 hectares sur lequel il voulait créer une exploitation agricole, un métier auquel il s'était formé. Il est devenu conducteur d'engins.
Les deux garçons ont rencontré très jeunes des problèmes d'alcool et de violence. Aurélien, ivre et alors âgé de 15 ans, avait jeté en 2000 un téléviseur à la tête de son grand-père maternel et lui avait dérobé 7000 francs.
Tous deux sont accusés, "dans un climat de haine croissante" à l'égard de leur grand-père puis de leur mère, d'avoir assassiné cette dernière. Le 15 juillet 2010, elle avait été retrouvée morte dans son lit, frappée au visage et au crâne à l'aide d'une barre de fer.
Ils nient les faits mais leurs ADN et empreintes digitales ont été retrouvés dans la chambre du crime et Johan, face aux enquêteurs, avait incriminé son frère avant de se rétracter. Aurélien, de son côté, accuse son père adoptif d'avoir tué par cupidité.
Le verdict est attendu vendredi 14 février.
