Martin Fourcade, adopté par le Vercors, entame ce samedi 8 février, sa quête d'or avec le sprint, premier de ses six défis en biathlon, sévèrement encadré des Norvégiens Emil Hegle Svendsen et Ole Einar Bjoerndalen, sur les hauteurs du complexe Laura.
Il y a comme un air de règlement de compte qui circule dans les montagnes de Sotchi. Et de OK Corral à OK Laura, il n'y a qu'un pas que les biathlètes piaffent d'impatience de franchir.
Ce sera fait ce samedi, à partir de 18h30 locales (15h30 en France), pour le sprint (10 km de ski de fond entrecoupés de deux séances de tir, une couché, une debout), avec la chronique d'un duel annoncé entre Fourcade et Svendsen, qui dominent la discipline depuis deux ans.
Ce sera une bataille contre moi
"Il n'y pas de bataille ou de duel entre Svendsen et moi. Ce sera d'abord une bataille contre moi et ensuite je verrai contre qui je serai", a lancé Fourcade, remonté comme une pendule et qui se sent capable, "comme sans doute Emil", de briller dans toutes les épreuves.
Martin, sans fausse modestie, se sent capable de briller dans les six épreuves prévues à son programme durant les Jeux (sprint, poursuite, individuel, mass start, relais messieurs et relais mixte). Lui qui, officiellement, ne vise qu'une médaille d'or, peut frapper un grand coup dès samedi... et prendre sa revanche.
L'an passé aux Mondiaux de Nove Mesto en République Tchèque, Svendsen a enfoncé le pré-carré du Français, vainqueur des deux dernières éditions du classement général de la Coupe du monde, pour s'octroyer quatre titres mondiaux (sprint, poursuite et les deux relais). Le Norvégien, âgé de 28 ans, a déjà goûté à l'or olympique, doublement sacré à Vancouver en 2010 (20 km, relais).
Ce n'est pas encore le cas de Martin Fourcade, médaillé d'argent en 2010 sur la mass start à 21 ans, prélude à son envol. Le cadet des Fourcade, dont l'aîné Simon sera également au départ du sprint, possède donc avec Sotchi l'occasion de prendre une éclatante revanche, en plus d'asseoir sa domination sur la discipline, à 25 ans.
La carotte de Bjoerndalen
Mais il serait trop simple de ne miser que sur Fourcade ou Svendsen. Parce que si les deux hommes dominent la discipline, l'olympisme a son histoire et Ole Einar Bjoerndalen entend y prendre toute sa place. Dans un sport où les ratés au tir sont souvent rédhibitoires, Bjoerndalen fait figure de guide, du haut de ses 40 ans et de ses 11 médailles olympiques (6 or, 4 argent, 1 bronze).
Depuis trois ans, le patriarche du biathlon subit certes la loi de ses cadets, mais le Norvégien a une carotte sans équivalent pour cultiver son appétit: devenir le sportif le plus médaillé de l'histoire des jeux Olympiques d'hiver, toutes compétitions confondues. Il manque une breloque à Bjoerndalen pour égaler son compatriote fondeur Björn Daehlie, actuel prophète avec 12 médailles (huit or, quatre argent).
Samedi constitue donc pour lui la première des possibilités, même si c'est sans doute dans le relais par équipes que Bjoerndalen aura le plus de chance d'assouvir ses ambitions. La Norvège possède un collectif où chaque individualité peut gagner, à l'image de Tarjei Boe, vainqueur du classement général de la Coupe du monde en 2011. Et il faudra peut-être aussi miser sur une surprise, puisque le stress, la pression et la particularité des épreuves d'un jour rendent difficile tout pronostic. La nature même des Jeux en fait.